Souffrez-vous du sentiment d’impuissance acquise?
En 2005, l’année de mes 35 ans, je me suis offert un voyage de groupe, en solo, afin de parcourir la Thaïlande, du sud au nord et vice-versa. Mon être tout entier s’est mis à vibrer à l’unisson dès que la transaction a été confirmée avec l’agence de voyages… enfin, presque!
Plusieurs personnes de mon entourage me transmettaient leurs peurs, leurs hésitations et leurs bons conseils pour annuler ce périple. À leurs yeux, ça n’avait juste pas de bon sens de m’y rendre, tout près d’un an après le tsunami. Pourtant, ce voyage m’a enseigné une profonde leçon au sujet du sentiment de l’impuissance acquise.
Durant l’une de mes excursions, j’ai remarqué que les éléphants étaient tous attachés avec une petite corde. Je me souviens avoir dit, à voix basse: «c’est ridicule, ils sont assez forts pour la briser d’un seul coup de patte!»
Étant curieuse de nature, j’ai demandé à notre guide de poser cette question à l’un des entraîneurs thaïlandais: «Qu’est-ce qui fait que les éléphants n’essayent pas de se libérer de cette ficelle?»
L’homme, avec un sourire aux coins des lèvres, a répondu: «Nous utilisons la même corde que pour les bébés éléphants, dès leur plus jeune âge. Après avoir essayé de s’en défaire plusieurs fois, ils abandonnent toute tentative et grandissent avec le conditionnement que la corde est plus forte qu’eux.»
J’étais bouche bée. Bang, dans les chiclettes, ma grande, comme on dit! J’ai réalisé que j’avais moi-même des ficelles attachées à mes chevilles et que je venais de me libérer d’au moins une d’entre elles en osant faire ce voyage!
Les psychologues appellent ce comportement, qui est aussi observé chez l’être humain, l’impuissance apprise ou acquise. En résumé, ce phénomène se produit lorsqu’une personne a été conditionnée, d’une manière ou d’une autre, à ne plus faire d’efforts pour se libérer de ce qui l’empêche de se réaliser pleinement. L’inconfort de l’effort est devenu vain, souffrant ou inutile.
Ainsi, la personne cessera toute tentative, dans le futur, pour se libérer d’un ou d’une:
Inconfort
Peur ou doute
Mauvaise expérience passée
Pensée obsédante
Croyance limitante
Et attention! Oui, j’attire votre attention. Depuis la dernière année, l’émergence, le renforcement et la présence du sentiment de l’impuissance acquise augmentent dans notre société, surtout chez les jeunes, mais sans oublier les adultes. C’est ce qui explique, en partie, que l’Indice de santé mentale a plongé de plus belle en décembre 2020.
J’ai bien hâte de lire celui du mois de janvier 2021, avec l’avènement d’un couvre-feu historique! Il sera aussi intéressant de voir l’impact de la restriction à voyager dans les futurs rapports et ainsi de suite, jusqu’au retour à la normale, qui n’en sera pas un, à moins que les gens se prennent en main.
Mais quoi faire, me demanderez-vous? Voici quelques idées à méditer ou à explorer collectivement:
Se responsabiliser envers l’expression des émotions et apprendre à les vivre.
Fissurer ce fameux tabou qui est lié à la maladie mentale.
Savoir qu’une émotion n’est ni bonne ni mauvaise.
Investir pour développer les aptitudes de l’intelligence émotionnelle.
S’outiller et s’appuyer pour développer la résilience
Souvenez-vous que vous êtes plus fort, plus créatif, plus conscient que les événements qui ont cours présentement. Choisissez de vous libérer de l’une de vos ficelles avec un bon coup de patte!