Pile ou face: mourir de rire ou de peur? – Partie 2
La petite histoire racontée à la partie 1 de cet article nous démontre clairement que nous sommes ce à quoi nous pensons le plus souvent.
«En présence d’une grande déception, nous ne savons pas si c’est la fin de l’histoire. Cela peut être précisément le début d’une grande aventure.» — Pema Chödrön
En fait, la peur est un état d’automatisme qui est conditionné sur vos expériences passées ou la projection d’un manque futur, vos certitudes, vos besoins, vos croyances, vos attentes et j’en passe. D’emblée, votre cerveau imagine les pires scénarios et, d’expérience, avouez qu’ils ne se réalisent que très rarement tout comme vous les aviez imaginés au départ.
Si la peur frappe à votre porte et que vous avez le courage de l’ouvrir, vous vous apercevrez que, derrière, il n’y a personne. Ma grand-mère paternelle aimait à dire: «Mieux vaut faire face à la peur que de lui tourner le dos.» Au moins, vous aurez décidé de prendre le contrôle de vos pensées et vous cesserez d’être le jouet de votre ego.
Nous savons aujourd’hui que les peurs naissent de la pensée et que c’est ainsi que le conflit interne commence: «Je sais qu’il faut que ça change, mais je n’ai pas d’autres choix que de continuer comme ça, je ne vais pas faire mal à mes enfants, à mon conjoint, à X ou Y, et puis… je ne suis pas très chanceux, ni très doué, il vaut mieux laisser tomber. Évidemment que je sais ce que je veux, mais c’est trop tard ou c’est trop tôt, anyway. La vie est dure et injuste, c’est un fait et tout le monde le sait, etc.»
Et voilà que le cercle vicieux s’installe en vous et vous empêche d’accéder au cercle vertueux des possibilités. C’est ainsi que nous quittons notre lucidité. Les émotions désagréables sont nuisibles à notre santé. Elles nous emprisonnent et nous privent de notre créativité, nous dit-on. Mais, franchement, est-ce vraiment le cas? Je vous le demande.
«Lequel de toi, lequel de moi aura l’audace? De voir en l’autre tout le contraire d’une menace.» — Patrick Bruel
Je vous propose d’explorer ensemble l’émotion de la tristesse, qui est l’une des quatre émotions primaires. Pour en connaître davantage à ce sujet, je vous invite à télécharger ce ebook gratuit.
Dans notre société, l’émotion de la tristesse n’a pas bonne mine. On l’étouffe, l’ignore, la compresse, l’interdit, la dissimule, l’oublie. Elle est souvent jugée comme étant désagréable pour soi et pour les autres.
En fait, elle exprime un besoin de réconfort et elle signifie qu’il est temps de laisser aller une relation, un travail ou un point de vue qui ne nous sert plus. Les larmes qui jaillissent nous aident à libérer l’attachement que nous avions pour notre ancienne manière d’être et ainsi de favoriser notre prochaine phase de croissance et de créativité.
Parfois, les larmes traduisent de la tristesse, de la frustration, de la colère et, parfois même, de la joie! À d’autres moments, les larmes apparaissent lorsque nous dévoilons une partie de nous-mêmes que nous avions enterrée sous toutes les couches de ce qui est logique et socialement acceptable. Si on observe la nature, on constate que trop de soleil n’est pas une bonne chose pour l’agriculture ou pour les réserves d’eau potable. C’est même nuisible à la couleur verdâtre et flamboyante de votre gazon! Une pluie printanière est alors salvatrice, comme une bonne douche qui nettoie, qui rafraîchit ou qui réchauffe, qui purifie et qui nourrit l’âme humaine.
Dans notre société moderne, je demeure étonnée de voir des personnes qui sont plus effrayées par la tristesse et le chagrin qu’elles ne le sont par la peur ou la colère. Cependant, vous le savez tout autant que moi, retenir et étouffer ses larmes conduit au désespoir et à la dépression. Même les «vrais hommes» ont besoin de pleurer en ces temps mouvementés.
La tristesse est trop souvent mal comprise. Sous sa forme la plus pure, première et spontanée, elle est un «agent de guérison». Elle restaure le flux de nos systèmes internes de régulation lorsque la perte est imminente et que cette nouvelle situation est souhaitable pour notre plus grand bien. Plus précisément, elle nous apporte une libération physique et supprime les blocages dans notre psyché, ce qui nous permet à nouveau de vivre de façon authentique.
À ce sujet, les scientifiques ont prouvé que les larmes nous aident à libérer des tensions au niveau physiologique, nous permettant ainsi de purifier nos chagrins, de rajeunir et de rouvrir nos cœurs à la vie. Les larmes nous alertent aussi en termes d’authenticité. Craignant la tristesse, certains d’entre nous n’ont pas conscience que, parfois, les larmes jaillissent lorsque nous arrivons enfin à remettre les choses en ordre.
Je ne vous apprends rien en vous disant que les transitions font évidemment partie de la vie. Elles sont directement liées à votre capacité de rebondir et d’orienter l’aiguille de votre boussole interne sur le vrai Nord.
Malheureusement, c’est un problème récurrent qui persiste dans notre monde moderne, soit celui de vouloir atteindre un résultat positif à tout prix, sans passer par un épisode, aussi court soit-il, de tristesse! Nous fixer une direction, un but ultime peut être utile, mais en nous focalisant sur l’objectif seulement, nous en oublions le contexte et le voyage lui-même. Notre obsession du résultat positif engendre notre peur de l’échec et paralyse nos actions. Nous souffrons de l’incertitude jusqu’au moment fatidique où soit nous atteignons notre but, en fixons un suivant et nous inquiétons de nouveau, soit nous n’y arrivons pas et nous nous effondrons dans les affres du naufrage en renforçant l’idée de notre faible estime de soi. Le résultat n’est qu’un fait, un bref instant entre deux voyages. Ce n’est pas le voyage lui-même.
La conclusion de cette série d’articles sera publiée le 14 septembre avec la partie 3!