LamEric Design: une retraite coulée dans le béton
Si ce n’était pas du timbre de voix qui trahissait l’âge de mon interlocuteur, j’aurais eu l’impression de discuter avec un jeune entrepreneur comme il m’arrive tous les jours de le faire dans le cadre de mon emploi, tellement qu’il m’est arrivé de basculer du «vous» au «tu» à quelques reprises… Toutes mes excuses! J’ai eu le plaisir de discuter business avec ce créateur de meubles et d’objets déco en béton d’où émane une réelle joie de créer combinée à l’insouciance romantique du nouvel entrepreneur.
De golfeur à flexipreneur
«J’étais un bon joueur de golf… pas tant que ça (rires), mais je jouais pas mal souvent. Maintenant, la fin de semaine, j’entre dans mon atelier tôt le matin et j’en ressors seulement pour souper!», m’a avoué Éric Lamontagne, l’unique propriétaire de LamEric Design.
Occupant un emploi dans le domaine de l’informatique, il a commencé à créer des pièces uniques il y a environ deux ans, lorsque sa curiosité a été piquée par une émission de rénovation. «Seulement avec les gens de mon entourage, j’ai obtenu plusieurs contrats de comptoirs ou de tables de béton. En 2019, j’ai pris au moins trois semaines de vacances pour répondre à ce genre de demandes.»
C’est réellement l’envie de créer, de tester de nouvelles recettes ou de nouvelles formes à mouler qui a poussé M. Lamontagne à prendre une partie de ses économies et une grande partie de son temps pour mettre sur pied cette entreprise à temps partiel. L’entrepreneuriat hybride, au Québec, est un phénomène très répandu. Chez les travailleurs autonomes, on estime à environ 80 % ceux qui, en plus d’être entrepreneurs, ont une deuxième occupation (emploi, études, proche aidant).
«Rendu à mon âge, je n’ai pas à me plaindre. Ça me fait un super projet de retraite. Mais, honnêtement, avoir découvert ça il y a 20 ans, je ne serais plus à l’emploi aujourd’hui! J’aime tellement ça, c’est incroyable», m’a glissé mon interlocuteur à la toute fin de notre conversation.
Influences familiales et environnementales
Pour lancer l’entrevue, j’ai demandé à M. Lamontagne quelle était l’histoire derrière le nom d’entreprise: «En fait, ça me vient de mon père. Il a toujours été à son compte et le nom de son entreprise, c’était une contraction de son prénom et de son nom. Alors, pour moi, ça donne LamEric.» Et le logo? «Les montagnes, c’est parce que j’ai trois filles.» J’adore ce genre d’histoire!
Pour rendre la conception du béton plus écoresponsable, l’entrepreneur utilise différentes techniques. «Parce que j’ai un petit atelier, je n’ai pas le choix de récupérer mon eau. Je ne pourrais pas arroser partout et laisser ça de même. C’est donc pratique et écologique!» De plus, il remplace un certain pourcentage de l’eau par une solution qui conserve l’humidité du mélange.
En collaborant avec une céramiste, M. Lamontagne réutilise les rejets de céramique qu’il concasse pour qu’ils soient aussi petits qu’un grain de sable pour ensuite les ajouter à la recette de béton. «Avec elle, c’est une grosse commande! Ce qu’on fait, c’est concevoir un item sur mesure. On travaille ensemble à créer des diffuseurs d’huiles essentielles à partir de morceaux de céramique recyclés et broyés.»
Quels sont les plans d’avenir pour LamEric? Éric Lamontagne s’est trouvé une collaboratrice pour l’aider dans le développement, notamment, sur tout ce qui touche aux points de vente et au marketing. «On vient juste de lancer un Instagram et un Facebook. C’est Nancy, ma partenaire d’affaires, qui s’occupe de ça. Elle a plus de temps — elle est à sa retraite — et elle connaît vraiment bien ça. Elle est là pour ses idées; moi, je les réalise! Je n’ai pas fini de créer, c’est certain!» Il travaille notamment, en ce moment, sur la conception de tables pour la nouvelle boutique Signé Local qui ouvrira prochainement aux Galeries de la Capitale.