La résilience ne s’achète pas au supermarché

L’automne dernier, j’écrivais sur ma réalité de parent-entrepreneur. Je me suis amusée à déboulonner les mythes et à nommer les vérités avec lesquelles on doit jongler à longueur d’année, mais aussi à souligner l’effervescence particulière de la rentrée et du mois de septembre.

 

Oh boy! 2020 m’a offert toute une nouvelle perspective sur ce thème! Comme Alfred le dit si bien à Bruce Wayne dans Batman Begins: «Pourquoi tombons-nous, monsieur? C’est pour mieux apprendre à nous relever.»

La vie, en général, n’est pas un long fleuve tranquille, et ce, peu importe le mode de vie que l’on choisit. Cette instabilité constante devient cependant beaucoup plus concrète quand on est entrepreneur.

Oui, car embrasser ce mode de vie implique nécessairement de couper les ponts avec une certaine sécurité. Croyez-vous que cette posture d’incertitudes appartient au monde des start-up seulement? Détrompez-vous. La pression et les responsabilités ne font qu’augmenter à mesure où notre équipe et notre communauté grandissent. Bien sûr, les capacités à s’adapter se développent aussi avec l’évolution de l’organisation, mais il n’en demeure pas moins que le leader principal doit avoir des compétences plus aiguisées:

  • agir et communiquer le choix des actions avec cohérence;
  • engager et mener des conversations difficiles;
  • choisir le bon comportement avec son interlocuteur entre l’accompagner dans un moment vulnérable ou le challenger à se développer, à faire mieux;
  • adopter une posture d’optimisme appuyée sur un plan et sur des actions.

Bref, il doit montrer le chemin.

Beaucoup envient la liberté de l’entrepreneur. Cependant, l’envier, c’est oublier que, pour obtenir une quelconque liberté, on doit d’abord assumer une plus grande part de responsabilités. Il ne s’agit pas de se «grandir» artificiellement, mais bien de prendre en charge son développement afin d’être au service et de protéger le développement de sa famille et de son équipe, pas pour les mettre à l’abri, plutôt afin de bien les outiller pour qu’ils puissent faire face.

La pandémie n’a pas réinventé les règles du ring

La résilience | Deux gants de boxe roses et blancs posés par terre

En fait, je constate que, dans l’ensemble, on a oublié que le jeu, en business [ou dans la vie], depuis toujours, est précisément celui du combat. Entrer dans le ring. Tenter un coup. Réussir. Faire une deuxième tentative. Recevoir un jab solide en pleine poire. Tomber. Se relever. Danser un peu dans les cordes. Envoyer un uppercut. Faire valser son adversaire. Recevoir un énième jab. Retomber. Se relever… péniblement, mais se relever, encore et encore.

Avouons-le, en ce moment, on a l’impression qu’une main divine appuie sur pause, puis rejoue la scène du K.O. en boucle. On a mal physiquement, psychologiquement et socialement. Et on s’écrase au tapis.

Personnellement, j’en ai marre, comme vous tous. Je voudrais donc claquer des doigts et me permettre quelques écarts de conduite, notamment embrasser ma maman et aller pousser de la fonte. Pfff! C’est normal. Mon cerveau n’en peut plus de ce marathon… Nous sommes individuellement et collectivement dans une situation difficile. C’est un combat herculéen, mais on n’en est qu’à la troisième ronde… Va falloir pratiquer encore plus les stratégies de leadership et de courage afin de rester debout ET en santé.

Faire face à la réalité: un changement n’est jamais instantané

Rebondir après une épreuve et se relever face à un adversaire qui ne cesse de frapper exigent de mettre en pratique plusieurs habiletés de haut niveau, avec discipline et persévérance. Pour endosser les baskets de leader — entrepreneur, gestionnaire ou parent — et accompagner nos équipes — employés, enfants, communauté — de façon durable, avec courage et résilience, aujourd’hui et demain, ne soyons pas dupes: va falloir développer de meilleures compétences et de meilleurs réflexes de résilience et de leadership. Maintenant qu’on fait face à un dur à cuir qui ne veut pas «mourir», même si on souhaite dénicher de la résilience bien emballée sur un rayon au supermarché ou de la pleine conscience préfabriquée et téléchargeable en quelques minutes, on sait que c’est impossible.

Un petit pas à la fois

La résilience | Feuilles d'automne accrochées côte à côte sur un fil

La réalité est que tout changement significatif implique un processus engagé, structuré et respectueux de notre parcours personnel et de celui de nos équipes et de nos communautés — au bureau, à l’usine, à l’école ou à la maison. Et on n’a pas tous fait nos devoirs avant la pandémie. Alors, on doit se pratiquer ET combattre, comme un entrepreneur en position de start-up, comme un processus de gestion de changement dans une multinationale.

Depuis longtemps et partout dans les cultures, il existe une expression pour cette posture: le développement incrémental, l’auto-coup de coude, le «nudge», la méthode Kaizen — et j’en passe! C’est superbe que l’engouement autour des lives, des podcasts, des ateliers de développement s’emballe. Et c’est une bonne idée de les intégrer à son quotidien (ou, du moins, à la semaine!). En même temps, il est important de diminuer sérieusement nos attentes envers les capacités de changement de nos équipes… et envers les nôtres. Il s’agit seulement d’être un peu meilleur qu’hier, un petit pas à la fois.

Comme le dit avec vérité Christian Maranda, un ami vétéran qui incarne si bien cette résilience: «lâche pas». Non, Christian, on lâche pas!


Crédit photo à la une: Ross Findon
Crédit 2e photo: Arisa Chattasa
Crédit 3e photo: Chris Lawton

Stéphanie Dupuis

J’accompagne les organisations et les leaders à se développer et à se propulser.

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