Vive le bordel de la rentrée
J’ai longtemps boudé l’idée que j’étais parent-entrepreneur. Il n’en demeure pas moins que ç’a toujours été ma réalité[1]. Qu’est-ce que ça change ? En surface, pas grand-chose. Chéri est aussi impliqué que moi. Il s’occupe du sport, moi, de l’école. Il est responsable des travaux sur le terrain, moi, de l’organisation de la maisonnée. En général, tout baigne, mais le diable est dans les détails… C’est moi qui prends le relais quand les enfants sont malades ou qu’ils ont des rendez-vous. Bien que parfaitement à l’aise avec cette idée, j’ai souvent dû compenser en soirées de travail jusqu’à tard dans la nuit, mais bon, j’aime mon travail avec les entrepreneurs et j’aime la communication.
La vie de parent-entrepreneur : équilibre, conciliation, rien à foutre?
Ces matins-là, la job prend le bord, les contrats attendent, les partenaires aussi. Ces matins-là, même si je suis 100 % à l’aise avec nos choix de vie, je ne peux qu’envier la liberté de l’entrepreneur qui n’a pas « d’obligations » ou qui a un partenaire de vie plus « libre ». Bref, j’ai longtemps boudé l’idée que j’étais parent-entrepreneur parce que je ne faisais pas tout à fait le lien entre les divers rôles que j’endosse : parent, boss, consultante, coach.
Diriger une équipe ; agir en tant que « bon père de famille »
Diriger une équipe, développer une organisation et créer une marque et une culture d’entreprise fortes, solides et distinctes, cela demande d’activer les mêmes mécanismes que de diriger une famille. Évidemment, le vocabulaire et les leviers pour stimuler les relations, les ressources et les impacts financiers diffèrent totalement d’un contexte à l’autre. Cependant, au fond, les règles sont les mêmes. D’ailleurs, un ami, associé directeur dans un important cabinet d’avocats, m’a souvent rappelé que l’entrepreneur doit voir à très long terme, ne pas trop s’impliquer émotivement et agir en tant que « bon père de famille ».
Aujourd’hui, je prends conscience que le temps que je croyais investir dans une sphère précise — parentale, entrepreneuriale, relationnelle, etc. — a affiné mon regard et ma compétence à choisir le bon comportement, à faire le bon move, peu importe le contexte. Cela me permet de ralentir le temps que l’apprentissage se fasse, de ne pas mettre trop de pression à court terme sur moi ou sur mon équipe, de gérer mes attentes sur la réussite d’un tel projet, bref, de jouer la game à long terme, ce que Simon Sinek appelle « the infinite game ».
Équilibre, conciliation, foutaises… et si on se parlait pour de vrai?
Je ne suis pas équilibrée. Je travaille dans les arénas. Je me lève parfois très tard et je me couche souvent à des heures impossibles. Je travaille à deux heures du matin (je n’envoie les courriels qu’au petit matin 😉). Je ne suis pas libre, je dois travailler. Je gagne bien ma vie, mais on ne peut pas dire que je me la coule douce.
Bâtir une organisation ne peut pas coexister avec le mot « équilibre », car il amène une idée de perfection, de stabilité. C’est tout faux. Élever une famille non plus… Il n’y a rien de stable ni de parfait.
Les leçons du parfait entrepreneur [parent, boss, leader… au choix!]
Il faut faire un bon plan, avoir une vision. De façon opportune, il est nécessaire d’accepter de jeter le plan et d’improviser.
Il faut apprendre à travailler avec persévérance et discipline. Il est essentiel de savoir s’arrêter et se déposer.
Il faut apprendre à se remettre en question et à se valider soi-même. On fait un choix sans attendre de signes après. Il n’y en a presque jamais. Les résultats importants apparaissent plus tard, parfois beaucoup plus tard.
La rentrée, je t’aime et je te déteste
Dans ma réalité de parent-entrepreneur, la rentrée est un moment — comment dire? – de tout sauf d’équilibre ! Tous les projets en « dév » mis en attente au lendemain du 24 juin deviennent d’un seul coup « prioritaires ». La boîte vocale explose, le calendrier d’évènement d’affaires s’emballe, les enfants s’énervent, le bric-à-brac scolaire est à trouver, et il y a tous les rendez-vous d’école et d’associations sportives… Ouf!
Oui, j’ai longtemps boudé l’idée que j’étais parent-entrepreneur, mais avec 20 années d’expertise en communication, 17 d’expérience parentale et 13 de compétence entrepreneuriale, je prends conscience des similarités [en RH, j’opterais pour le terme « des compétences transversales »] entre les rôles que j’occupe dans la vie. Elles m’aident à me recentrer, à me choisir… et à oublier les concepts prémâchés et désuets de conciliation travail-famille et d’équilibre.
Alors, parents et entrepreneurs, avec septembre à nos portes, respirons un bon coup et, allez hop, on se tape la rentrée!
[1] J’ai lancé THEMA Stratégie Conseil après la naissance de mon troisième garçon.