Gestionnaires bienveillants: êtes-vous comme Alice, le lapin blanc ou les deux?
La bienveillance est sur toutes les lèvres. Dans les faits, peu de gestionnaires démontrent cette disposition affective qui est de veiller au bien et au bonheur d’autrui.
Contrairement à ce que l’on croit, la bienveillance n’est pas de gérer comme une personne bonasse et de laisser faire à qui mieux mieux. C’est l’art de veiller au bien-être, à la santé et à la sécurité d’une personne, au niveau physique, psychologique et social.
Plusieurs aptitudes de l’intelligence émotionnelle doivent être activées pour être témoin d’un acte bienveillant. Cela requiert une bonne dose de courage, d’humilité et de conscience de soi.
Expérimentons-le à l’aide d’un extrait de Alice aux pays des merveilles:
«Mais tu m’aimes?» demanda Alice.
«Non, je ne t’aime pas!» répondit le lapin blanc.
Alice fronça les sourcils et commença à se frotter les mains, comme elle le faisait toujours quand elle était blessée.
«Tu vois?», dit le lapin blanc.
«Maintenant, tu te demandes peut-être ce qui te rend si imparfaite, ce que tu as fait de mal pour que je ne t’aime pas au moins un peu. Et c’est la raison pourquoi je ne peux pas t’aimer. Tu ne seras pas toujours aimée, Alice, il y aura des jours où certaines personnes seront fatiguées, en colère contre la vie, la tête dans les nuages et elles te feront du mal. Parce que les gens sont comme ça, ils finissent toujours par jouer avec les sentiments des autres, parfois par insouciance, malentendus ou conflits avec eux-mêmes.
Et si tu ne t’aimes pas au moins un peu, si tu ne crées pas une coquille d’amour-propre et de bonheur autour de ton cœur, les fléchettes envenimées des gens deviendront mortelles et te détruiront. La première fois que je t’ai vue, j’ai fait un pacte avec moi-même: “J’éviterai de t’aimer tant que tu n’auras pas appris à t’aimer toi-même!”
C’est la raison pour laquelle, Alice, je ne t’aime pas.»
Tout comme pour Alice, il est important de rappeler aux gestionnaires:
- d’élever leur conscience de soi et de nourrir sainement leur amour-propre;
- d’accepter d’être imparfaits et de renforcer leur indépendance émotionnelle;
- d’être attentifs à leurs besoins et d’apprendre à dire non;
- d’écouter leurs émotions, de contrôler leurs impulsions pour prendre de meilleures décisions;
- de s’accorder la flexibilité nécessaire pour faire face aux circonstances dynamiques, imprévisibles et inhabituelles.
Quant au gestionnaire qui fera preuve d’humilité et de courage managérial, comme le lapin blanc:
- il entamera des conversations difficiles avec ses employés pour les responsabiliser, les coacher, les encourager à s’appuyer sur leurs forces, leurs habiletés et leurs compétences;
- son attitude empathique détachée favorisera l’expression émotionnelle et l’affirmation de soi;
- la vulnérabilité mutuelle qu’il incitera encouragera la responsabilité sociale et une meilleure gestion du stress.
Finalement, il est bon de se rappeler que les gestionnaires sont avant tout des êtres humains, des employés et des collègues. La bienveillance ne se manifeste pas comme par magie et du jour au lendemain dans les gestes, les paroles et les actions. Il est souhaitable que la culture organisationnelle leur accorde le privilège d’être à la fois comme Alice et le lapin blanc, sinon cela relève de la fiction.