Comment le monde de la danse m’a aidée dans celui des affaires
Le monde des arts et celui des affaires sont beaucoup plus connectés qu’on ne pourrait le croire. Bien que les deux visent normalement à atteindre des objectifs carrément différents, ils se complètent à merveille — si on veut bien porter attention aux nuances qu’ils peuvent respectivement s’apporter.
Pour faire une longue histoire courte, j’ai commencé à danser alors que je n’avais que trois ans. Ma grand-mère était propriétaire d’une école de danse, alors j’ai grandi dans le milieu. Lorsque j’ai eu 15 ans, j’ai eu mes premiers contrats professionnels et après le CÉGEP, je me suis mise à danser et à enseigner à temps plein, à Montréal, mais aussi dans le reste du Canada, aux États-Unis et à l’international. Avant l’université, j’ai dansé un bon 50 heures par semaine pendant presque sept ans de ma vie.
Une carrière assez courte, mais qui m’a apporté beaucoup.
Apprendre rapidement
Mémoriser, intégrer, exécuter et réussir à rendre à la perfection plus de quatre chorégraphies pour… le lendemain. Disons qu’en tant que danseur, la mémoire n’a pas vraiment le temps de prendre une pause. Ce scénario semble assez intense, mais il arrive que les délais soient parfois aussi serrés.
Pour l’avoir vécu à plusieurs reprises, on peut dire que mon cerveau est capable d’assimiler de nouvelles notions assez rapidement au bureau — et que ça aide pas mal à ouvrir ses horizons sur plusieurs champs d’expertise. Ou du moins, en ayant les capacités d’apprentissage développées, ça donne le goût.
Être empathique et être capable de prendre la critique
Quand on danse, on est jugé au quotidien, que ce soit en audition, sur scène, par ses enseignants, ou d’autres artistes. L’art est subjectif. Ça fait partie de la game.
Pour survivre dans le milieu, il faut apprendre à prendre la critique et, surtout, ne pas prendre les choses sur le niveau personnel. Le fait d’avoir vécu une bonne quantité de rejets professionnels m’a sans doute beaucoup aidée à ne pas mettre l’emphase sur le négatif dans ma carrière en marketing et en publicité.
Il y a toujours une raison, et tout le monde est différent. La danse m’a appris à toujours essayer de comprendre la provenance d’une réaction. Lorsqu’on est capable de faire preuve d’empathie, la vie est pas mal plus simple en général.
La confiance en soi
Probablement l’apport le plus important de la liste. Il se rapproche beaucoup des éléments soulevés au point précédent, mais va encore plus loin. La plupart du temps, être danseur signifie être travailleur autonome. Cela veut donc dire qu’on se représente soi-même, en tout temps, et qu’il est primordial de connaître sa valeur. Dès un jeune âge, j’ai dû apprendre à négocier mes contrats et à faire respecter mes conditions. En matière d’emploi, cela m’a énormément aidée à négocier salaires et avantages.
Le fait de monter sur scène devant des milliers de personnes ou de performer devant la caméra m’a également donné des outils solides pour me présenter devant les gens, que ce soit lors de rencontres ou de présentations.
Work hard, play hard
Il va sans dire que pour être capable de vivre de la danse, il faut être discipliné, avoir des buts et toujours vouloir les dépasser. Le statu quo dans ce monde-là, ça n’existe pas. You’re in one day, you’re out the next day. En d’autres mots, tout le monde est remplaçable.
Lorsqu’on danse, notre réputation devient notre propre carte de visite, 24h/24. C’est un petit, petit monde ; on se connaît tous. On ne peut donc pas se permettre de faire preuve de paresse ou de relâchement devant qui que ce soit. Pour avoir eu l’habitude d’évoluer avec cette mentalité pendant plusieurs années, c’est une vision que j’ai conservée sur le plan professionnel: essayer de sortir du lot, être originale, collaborer et constamment amener de la nouveauté autour de moi, et ce, le plus souvent possible.
La facilité d’interagir
Les artistes sont probablement les gens les plus sociables et les plus accueillants que j’ai pu côtoyer à ce jour. En travaillant avec des individus différents chaque semaine, dans des contextes où il faut souvent développer une chimie qui se ressentira sur scène en très peu de temps, il est quasi nécessaire d’être ouvert, amical et capable de développer des relations rapidement. Être capable de lire les gens, de les comprendre.
Cela m’a permis de développer un côté «caméléon» assez fort. Les différents types de personnalités, ça me va — autant du côté des clients, des collègues ou des collaborateurs. Et disons que pour le réseautage en affaires, ce sont toutes des qualités assez pratiques à détenir dans son trousseau! Il va sans dire que même si je suis à la base une personne déjà sociable, la danse a amplifié ce trait de caractère de manière exponentielle… parfait pour aller ouvrir des portes fermées, ou qui n’existent pas encore!
Seulement quelques exemples démontrant que bien souvent, les forces associées à différentes industries ne sont pas exclusives. Depuis que je travaille dans l’univers du marketing et de la publicité, mon penchant pour les arts m’a toujours ramenée vers la création de contenu — et la plupart du temps, les personnes les plus inspirantes que j’ai croisées en agence ou en entreprise étaient celles qui avaient un bagage n’ayant aucun lien apparent avec les univers du marketing et des affaires.
Comme l’a affirmé Jan-Nicolas Vanderveken, président et chef de la direction de Havas Montréal, lors de la remise des prix Boomerang la semaine dernière: «les marques se bâtissent par la somme de toutes les expériences». Je crois que cette réalité s’applique aussi parfaitement au niveau des professionnels œuvrant dans le milieu même.