Comment la boxe m’inspire dans ma vie de mère entrepreneure
Enfant, j’étais plutôt garçon manqué. Tomboy, tu vois? Du genre qui utilise rarement la porte pour rentrer chez elle, qui convertit tout en ballon — j’ai déjà confectionné un ballon de soccer à l’aide de chaussettes —, qui garde ses cheveux courts et qui a connu le vernis à ongles à peu près en même temps que l’université. Je faisais, certes, des efforts pour entrer dans le cadre, mais au fond, tout ce que j’aimais, c’était de courir derrière un ballon. J’adorais escalader tout ce qui était « escaladable », et je détestais au plus haut point assister aux cours d’éducation féminine de mon collège. J’aimais bouger ; courir me procurait une liberté incomparable. J’avais une véritable passion pour l’effet planant de l’effort. Le hic, c’est que dans mon environnement de l’époque, ce n’était pas très… disons encouragé.
Puis, bon, tu tiens tête un peu — beaucoup —, jusqu’à ce que tu finisses par faire des choix et par prendre des chemins conséquents. C’est ainsi que je me suis assagie, que je me suis laissée tomber en amour et devenir la maman de deux petites princesses, une épouse et une associée dans une entreprise du voyage au centre-ville de Montréal. Le problème c’est que j’étais épuisée, stressée, et avec une vingtaine de kilogrammes en trop.
Là, tu me vois venir. Bien trop classique.
Eh bien oui ! Je ne sais pas si c’est un concours de circonstances ou un pur hasard, mais un beau jour, j’ai cogné à la porte d’un nutritionniste qui m’a sacrément remise sur les rails de la saine alimentation (la vraie, la simple, la faite maison et tout à fait fraîche et délicieuse). Un autre « concours-de-circonstances-pur-hasard », un autre de ces beaux jours, a fait en sorte que j’ai frappé, cette fois, à la porte d’un boxeur. Genre, bang. Même, bang, bang.
Ça faisait 20 ans que je n’avais pas bougé, que je prenais la voiture, l’ascenseur et l’escalier roulant, tu vois. Va savoir pourquoi, pour me faire faire le saut ou m’assurer d’annuler un abonnement pour la énième fois, je n’ai pas essayé le yoga ni la Zumba. Moi, la trentenaire maman de deux enfants, la sédentaire, la craintive, la flemmarde, j’ai osé cogner à la porte d’un club de boxe. Franchement…
La surprise, c’est que j’ai découvert un univers pour le moins… surprenant. Mes constats, 18 mois après the first bang, bang :
La pensée négative génère des résultats négatifs : Si je vais boxer en me disant « je suis fatiguée », il y a de fortes chances que j’aie une crampe au mollet, un coup de poing à la tête ou le poignet qui déraille (au sens figuré). Si je fais un sparring en ayant peur d’échouer, je vais manger des coups. Commence ta journée en disant « j’ai peur de perdre » ; l’échec te guettera du matin au soir.
Être doué, c’est bon, mais pas suffisant : J’étais convaincue qu’en n’ayant jamais été sportive, je serais nulle, surtout que, côté précision et réflexes, je rate toujours le test d’attraper un ballon. J’ai toutefois été surprise par mes résultats en boxe, et ça m’a incitée à changer mon mindset de la crainte vers l’envie d’apprendre. Il y a forcément des gens doués par la nature ou les circonstances, mais travailler fort est la clé pour amplifier ses chances et transformer ses apprentissages en réflexes.
Se prendre au sérieux, quel gâchis : Trop penser aux résultats noie le plaisir de naviguer vers son rêve. C’est-à-dire que de penser au jugement (public, coach, concurrents, partenaires, etc.) casse le plaisir et l’euphorie de faire quelque chose qu’on aime. M’amuser en travaillant (tout comme en boxant) est, pour moi, un des piliers de la persévérance. Et m’amuser en faisant des choses sérieuses, c’est également être moi-même le plus longtemps possible dans une journée.
Une grande réussite est la somme de plusieurs petites réussites : Regarde un combat de boxe professionnelle. On touche son adversaire. On l’énerve. On avance et on esquive pour éviter un coup ou pour mieux placer le prochain. On court dans le ring. On sautille et on le touche encore. De longs et épuisants rounds à peaufiner sa stratégie, à étudier les points faibles de l’autre avant le coup de grâce. La boxe est un jeu de patience et de persévérance. Le coup de grâce vient après plein de coups invisibles. Le K.-O. n’est pas un hasard. C’est un seul coup, mais qui se prépare bien. Le business, c’est pas mal la même chose.
Vouloir signifie pouvoir : Quand on veut une chose, on ne voit pas les obstacles qui nous en séparent, même si on tombe. L’image dans notre tête nous donne l’énergie nécessaire pour nous relever et continuer vers notre but. « Vouloir » ignore l’échec et transforme les embûches en valeurs et en apprentissages.
L’importance d’avoir des passions : De trouver une activité et un domaine qui me font littéralement vibrer a eu un effet magique sur moi, aussi bien physiquement que mentalement. Aller boxer, c’est un moment privilégié de déconnexion totale avec le monde extérieur et de reconnexion profonde avec moi-même ; c’est une sorte de méditation ou de voyage intérieur. Plus de défis, de factures, ni de problèmes à résoudre. Plus de ménage, de lavage, ni d’obligations familiales. C’est un moment où je fais le vide, où les seules images qui se promènent dans mon esprit sont celles du sac de frappe, tandis que je suis conduite par les instructions de mes coachs et partenaires. J’en ressors fraîche et revigorée. Je me sens reposée jusqu’au bout des orteils et prête à déplacer des montagnes.
La combativité, c’est dans la tête : Notre pire adversaire n’est nul autre que notre propre esprit. Comment traite-t-on ses adversaires en boxe? On les salue, on joue avec, on les assomme, puis hasta la vista, baby. L’horrible opposant, l’exécrable démotivant se cache dans ta tête. Bats-le, tu gagneras tes combats.
Tu veux essayer la boxe? Voici les trois clubs que j’ai essayés à Montréal et dans la région :
- Cardio Boxe Sow : Si tu vises un apprentissage des rudiments de la boxe tout en te mettant en forme assez rapidement, ce club est pour toi.
- Gladiateur Gym : Communautaire, convivial et chaleureux. Pour les débutants, mais, surtout, les avancés qui veulent affiner leur technique et essayer leurs premiers sparrings et combats amateurs. Le club est réputé pour son ambiance familiale, et je m’y entraîne encore.
- Underdog Boxing Gym : La référence qui a formé et qui forme encore aujourd’hui des boxeurs de renommée internationale. Cours débutants, avancés et intermédiaires au cœur de l’île de Montréal.