Burnout vs Dépression
Dans mon dernier article, j’ai traité de l’épuisement professionnel, ou « burnout », sans aborder le sujet de la dépression. On confond souvent ces deux troubles mentaux, mais il existe pourtant quelques différences distinctives.
Il est courant d’entendre dire qu’un tel ou une telle collègue est en arrêt de travail à cause d’un burnout, un terme qui semble plus acceptable pour certains que la dépression. Dans les deux cas, la personne semble incapable d’accomplir ses tâches habituelles et ne souhaite plus occuper ses fonctions. Qu’en est-il de la différence entre le burnout et la dépression? Céline Levasseur, psychologue, rappelle que « le burnout n’est ni un terme médical officiel ni un diagnostic de trouble mental. Il s’agit d’un diagnostic différentiel difficile à établir étant donné qu’on ne dispose pas de critère précis du « burnout». Les symptômes entre le burnout et la dépression apparaissent semblables de l’extérieur. Pourtant, cela se vit différemment de l’intérieur. Dans une majorité de cas, la personne qui vit un épuisement professionnel pourra recevoir plus officiellement un diagnostic de dépression ou de trouble d’adaptation dans le cas où elle ne rencontre pas tous les indicateurs de la dépression. »
Critères de la dépression
La dépression est un trouble de santé mentale reconnu dans le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Elle est diagnostiquée lorsqu’une personne présente au moins cinq indicateurs parmi les suivants :
- une humeur dépressive (sentiment de tristesse, de vide, des pleurs, etc.),
- une perte d’intérêt ou de plaisir
- des changements dans l’appétit
- des difficultés de sommeil, soit de l’insomnie ou une tendance à trop dormir
- de la fatigue excessive
- de l’agitation
- des sentiments de dévalorisation ou culpabilisation excessive (on se sent nul ou inutile)
- des difficultés de concentration
- des pensées noires ou des pensées suicidaires
Critères du trouble de l’adaptation
Lorsqu’une personne rencontre moins de cinq de ces critères, un trouble de l’adaptation est à considérer. Le trouble de l’adaptation est également reconnu dans le DSM-V. Il est défini comme le « développement de symptômes dans les registres émotionnels et comportementaux, en réaction à un ou plusieurs facteurs de stress identifiables, au cours des trois mois suivants la survenue de celui-ci (ceux-ci). » Dans le cas de la dépression comme du trouble d’adaptation, ces symptômes doivent affecter le fonctionnement de la personne dans au moins un domaine de la vie de la personne.
Burnout : en panne de carburant
Tentons de mieux comprendre le phénomène du burnout qui, malgré l’absence de reconnaissance dans le DSM-V, semble se distinguer de la dépression selon plusieurs chercheurs. En 1980, Herbert J. Freudenberger aurait défini le premier le « burnout » et l’aurait traduit comme une « brûlure interne ». Selon lui, les ressources intérieures en viennent à se consumer comme les meubles d’une maison durant un grand incendie (adaptation libre de Rioux Alain, psycho-ressources.com). « La personne en burnout vit en quelque sorte une panne sèche de carburant. Sa capacité de production de carburant et aussi à le mettre en réserve est dorénavant plus limitée; comme si le réservoir à essence était devenu plus petit, illustre la psychologue Céline Levasseur. Il est ainsi nécessaire de reposer le système de production de carburant pour un temps, de ne pas dépenser toutes ses réserves. Cela permettra de se refaire des énergies et ainsi permettre une augmentation progressive du réservoir ».
Le cortisol, hormone de stress
De nombreuses études, notamment celles du Centre d’études sur le stress humain (CESH) dirigé par Sonia Lupien, Ph. D., ont démontré l’importance de l’action d’une hormone de stress, le cortisol, secrétée par les glandes surrénales. Le cortisol est le messager qui vient activer la mobilisation du corps et de ses énergies pour faire face au stress. Sans la production de ce messager, le corps ne peut mobiliser son carburant pour avancer. Les individus souffrant de burnout verraient une diminution marquée de la production de cortisol ce qui expliquerait leur épuisement. Le phénomène serait inverse pour les personnes qui vivraient plutôt une dépression : la production de cortisol serait trop élevée, mais en association avec un dérèglement de plusieurs neurotransmetteurs (sérotonine, norépinéphrine, dopamine) responsables d’équilibrer le sommeil, l’appétit, l’humeur, l’attention, l’humeur et la motivation.
Prévenir et traiter
Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’épuisement professionnel, de trouble d’adaptation ou de dépression, il est impératif de mettre en place un traitement pour traiter les symptômes présents et des mesures afin de prévenir que cela ne se reproduise de nouveau. Consulter son médecin de même que débuter une psychothérapie sont des démarches qui peuvent permettre d’y voir plus clair dans une problématique qui s’avère plus complexe qu’elle n’y paraît de prime abord.
Maintenant, j’aimerais vous entendre sur le sujet. Connaissez-vous quelqu’un ou avez-vous vous-même déjà vécu une dépression? Quelles étaient les causes? Comment s’en est-il (elle) ou vous en êtes-vous sorti? Quels traitements ont été les plus efficaces? Qu’a-t-il (elle) ou qu’avez-vous changé à vos habitudes pour prévenir que cela ne se reproduise de nouveau?
Cynthia Turcotte
Psychologue, PH. D – Vitapsy