Alice et Simone : gagner en expérience
Après ses études en design, Isabelle s’est donné le temps d’apprendre le métier avant de partir son propre projet. En effet, à sa sortie de l’école, elle savait qu’elle aurait un jour sa propre collection, mais elle voulait d’abord avoir de l’expérience. Ce qui au départ ne devait durer que quelque temps s’est échelonné sur 15 ans.
Au bout de ces 15 années, Isabelle avait certes acquis de l’expérience, mais elle était aussi « déçue de l’industrie, de la façon dont on traite les fournisseurs. Après trois enfants, j’ai décidé de lancer ma compagnie. Mon but était d’offrir des vêtements durables » et produits localement. De là est née Alice et Simone.
Se lancer après 35 ans
Un premier défi, son âge : « à 35 ans, il n’y a aucun programme, raconte-t-elle, mi-rieuse, mi-déçue, mais j’étais motivée. J’ai fait mon plan d’affaires, je suis allée dans l’autofinancement », explique-t-elle. L’autofinancement aussi a été un défi, surtout parce qu’elle venait de laisser un emploi stable avec un salaire fixe.
Puis, l’expérience, encore… Parce qu’elle avait bien sûr 15 ans d’expérience en mode, mais pas en mode locale. Elle n’avait donc aucun contact. « C’est un milieu fermé. Personne ne veut te donner d’informations. Je devais aller la chercher moi-même. » Elle relate aussi qu’au départ, elle était timide, ce qui freinait son envie d’aller faire de la sollicitation, d’aller vers les boutiques et les clients, et ce qui est moins le cas aujourd’hui.
Dernièrement, elle a dû s’acheter un atelier puisqu’avant, elle travaillait à la maison. Elle explique aussi qu’en ce moment, le fait que sa compagnie grossit est un beau défi à moyen/long terme. « Je veux continuer de grossir, avoir plus de revenus, grandir, faire plus de ventes. »
Fidèle à ses valeurs
« Je suis alignée sur mes valeurs. J’ai réussi à créer un produit de qualité qui plaît et qui est fait au Québec », raconte-t-elle. C’est ce qu’elle retient de cette aventure : « mon revenu n’a rien à voir avec celui en entreprise, mais c’est mineur. Je suis libre. Je travaille mille fois plus, plus fort, mais je suis libre ».
Quant à la conciliation travail-famille, elle en retire aussi des bénéfices : « je m’occupe des enfants ; s’ils sont malades, c’est okay ». Puisqu’elle est autofinancée, c’est son conjoint qui doit garder un emploi stable avec un horaire régulier. Puis, ses filles sont grandes : « je les amène avec moi, elles s’impliquent dans les choix de tissus […], elles choisissent les photos. Elles comprennent bien l’entrepreneuriat. Moi, non, à leur âge, je ne savais rien ».
Être à son affaire
Des qualités à avoir comme entrepreneure, Isabelle retient l’honnêteté et la transparence. Elle ajoute aussi qu’il faut être à son affaire : « par exemple, lorsque tu reçois un contrat d’assurance, tu lis ! S’il arrive quelque chose, c’est toi. Tu vas au bout des choses, personne n’est à côté de toi pour te dire quoi faire. Si un client est insatisfait, tu trouves la solution toi-même ».
Aussi, l’écoute est importante. Même s’il faut en prendre et en laisser, « il ne faut pas toujours faire à sa tête, conseille-t-elle, les gens peuvent avoir de bonnes idées ».
Enfin, l’entrepreneure voit se dessiner une belle évolution dans sa compagnie. Sa plus grande fierté ? « Quand je vois dans la rue quelqu’un [que je ne connais pas] avec mes vêtements. Au début, ce sont tes amis qui achètent. Ensuite, ça évolue. » Puis, elle souhaite que sa collection soit reconnue, tout en restant locale.
Pour le reste, elle souhaite aussi pousser sa collection de manteaux Desloups, son premier projet. Un jour, ses collections seront vendues dans les grandes chaînes de vêtements. Des collections 100 % locales.