Va te coucher!
« Va te coucher! » Combien de fois avons-nous entendu cet appel au calme lorsque nous étions enfants?
Pour toutes les raisons du monde, nous avons souffert de FOMO (Fear of missing out) dans toutes ses configurations. La peur de manquer quelque chose nous tenait accrochés au cadrage de la porte de notre chambre dans un état de semi-conscience. Nous tendions l’oreille pour attraper des bouts d’une histoire savoureuse à propos d’une cousine ou la fin d’une émission de télé, diffusée aux heures de grande écoute (excluant les enfants). La directive extrémiste « Va te coucher! » annonçait la fin de notre existence en nous arrachant au monde des adultes, en déclarant ainsi la fin de notre journée à nous. SNIF!
Je crois que nous avons été traumatisés par ce « sommeil » exigé qui avait un seul but : nous extraire du monde adulte. MDR. Qu’en est-il maintenant que nous sommes devenus adultes et que nous devons nous familiariser avec les bienfaits du sommeil sur notre santé mentale et physique, de même que sur notre créativité?
« Nous passons un tiers de notre vie à dormir et chacun sait que cette expérience est capitale pour notre santé. Les liens entre créativité et sommeil sont subtils. Même si le sommeil n’a pas encore livré tous ses secrets, il est fort probable que le sommeil profond et le sommeil paradoxal nous apportent à la fois la récupération physique et un meilleur fonctionnement psychique. La créativité se nourrit des deux. Un sommeil nocturne de qualité et une sieste offrent les meilleures conditions pour favoriser l’émergence d’idées créatives. Mais une interruption de sommeil comme l’insomnie est, pour certains, une autre source pour l’imaginaire. Les états de conscience qui précèdent le sommeil ou l’éveil peuvent être aussi des moments privilégiés pour la créativité, tout comme les rêves.[1] »
Le pouvoir du SOMMEIL
« L’artiste surréaliste Salvador Dalí qualifiait l’hypnagogie de “sommeil avec une clé” et l’utilisait comme source d’inspiration créative pour bon nombre de ses peintures.[2] »
« Lorsque nous dormons, la meilleure réponse a de grandes chances d’émergées » Howard Nusbaum, neuroscientifique, Université de Chicago
« […] Paul McCartney se trouvait en 1965 à Londres dans une petite petite chambre sous les toits. Un matin, au saut du lit, une mélodie lui trottait dans la tête. Un piano se trouvait près de lui et il joua immédiatement la musique qui allait devenir Yesterday.[3] »
Les neuroscientifiques ont maintenant à leur disposition un arsenal d’outils pour décoder les phases du sommeil afin d’aider à comprendre l’une des qualités que possède notre esprit : LA CRÉATIVITÉ.
Nous savons que notre créativité est une source infinie et inestimable d’idées que nous pouvons enfin tenter d’explorer. Lorsque nous dormons, nous sommes plongés dans un monde où « tout est possible », selon Déchanet-Platz (2008). Ce « tout est possible » ne peut qu’ouvrir les portes de la créativité souvent bridée par la raison, l’éducation, les conventions. Il est donc très important de valoriser des heures de repos qui soient riches en « sommeil de qualité ». Comme nous le faisons pour notre ordinateur, effectuer un « NETTOYAGE » de notre esprit est très avantageux afin de libérer de l’espace et de défragmenter notre cerveau.
D’après plusieurs études faites sur le sommeil, afin de trouver, entre autres, la clé qui ouvre la porte de certaines habilités cérébrales favorisant la production d’idées, la phase REM (rapid eye movement) serait vitale. « C’est la phase du sommeil au cours de laquelle les rêves dont on se souvient se produisent. Il se caractérise par des mouvements oculaires rapides […][4] »
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« Au beau pays des rêves, ferme tes jolis yeux…[5] »
Sans faire une analyse de « haute-voltige-cognito-neurolo ou psycho-logico », nous devons retenir qu’une bonne nuit de sommeil se déroule sur plusieurs phases. Ce n’est qu’aux trois premières heures de sommeil que l’on obtient le sommeil le plus réparateur physiquement, et nos dernières heures de nos dodos, en sommeil REM, favorisent la capacité d’associer des idées. Ceci encourage l’adage voulant que la « nuit porte conseil ».
Plusieurs feront le choix, et ce, trop souvent, d’ignorer d’aller se coucher parce qu’il est beaucoup plus productif de substituer ses heures de sommeil en heures de travail. Cette augmentation des heures de travail, sans privilégier le sommeil REM, contribue, à long terme, à des désordres neurodégénérateurs tels que les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.
« Rêver est un acte créateur en soi, car contrairement à ce qu’on pense généralement, on ne rêve jamais de la même manière. Le rêve est une production originale et singulière de l’esprit, composée d’éléments disparates qui semblent désorganisés, mais sont guidés par les émotions.
En rêvant, des contenus parfois inaccessibles se combinent, assemblés d’une manière totalement différente de l’état d’éveil et en dehors des conventions habituelles. Les associations particulières du rêve ouvrent la porte aux idées originales et à la créativité. “La fantaisie inhérente au songe se présente souvent comme une invitation à la créativité” (Déchanet-Platz, 2008).
Le langage du rêve est spécifique et proche du langage artistique, car il est métaphorique (Hartmann, 2010). Dans une étude récente, Cai et al. (2009) rapportent que le sommeil REM peut améliorer la solution de problèmes créatifs qui ont fait l’objet d’un questionnement avant le sommeil. Mais uniquement dans le cas de siestes qui comportent du sommeil REM.[6] »
Conclusion
L’architecture du sommeil et de sa qualité peut être complexe. Dans notre vie tumultueuse, où nous devons allier la vie professionnelle, sociale et personnelle, nous devons nous accorder suffisamment de temps pour nous reposer. Ce que nous voulons retenir, c’est que le « dodo » est essentiel à une bonne santé mentale et physique, et que la sieste peut présenter de nombreux bienfaits.
« Plusieurs études ont établi un lien entre la sieste et l’augmentation des performances cognitives et psychomotrices. Ce moment de repos accordé en milieu de journée permettrait d’avoir une meilleure mémoire et de consolider les apprentissages. Les personnes qui s’y adonnent sont plus dynamiques et créatives en après-midi en comparaison à celles qui ne pratiquent pas la sieste. Ainsi, les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à promouvoir cette pratique auprès de leurs employés. Les gens ayant un horaire très chargé en tirent davantage profit puisqu’elle permet de regagner de 1 à 2 heures de sommeil lorsqu’elle est réalisée sur une base quotidienne.[7] »
[1] https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2011-2-page-67.htm?contenu=resume
[2] https://www.huffpostmaghreb.com/2016/02/26/hypnagogie-conscience-veille-sommeil-creativite_n_9330466.html
[3] https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2011-2-page-67.htm
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sommeil_paradoxal
[5] Chanson : https://www.youtube.com/watch?v=NEZKC1XkEII
[6] https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2011-2-page-67.htm
[7] https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=bienfaits-sieste
Crédit photo à la une : pawel szvmanski
Crédits photos 2-3-4 : Ginette Larose