La nouvelle mafia de la créativité

Je ne suis pas à l’aise avec les ateliers qui promettent mer et monde. Oui, c’est vrai plus que jamais: pour survivre et perdurer en affaires, les leaders et les organisations doivent développer de nouveaux muscles, notamment la créativité, la cocréation et les processus collaboratifs.

Mais disons-le franchement: l’identité organisationnelle ne s’achète pas avec un atelier de créativité, si formidable soit-il. On nous fait croire que cela émerge par magie, grâce à un travail collectif — en deux jours, svp — pendant une séance de brainstorming à 15 000$ en nature ou en participant à C2 Montréal. Ça, c’est la version courte et un peu «Disney».

En fait, je crois qu’on ne peut pas réellement trouver son identité, enfin, pas de façon définitive. C’est plus une longue quête de vérité où on la découvre peu à peu, mais elle évolue constamment, et c’est parfait ainsi.

On peut, bien sûr, créer une marque pour des produits ou pour une offre de service qui saura durer dans le temps avec pertinence et fougue. Cependant, je trouve que l’exercice est plus délicat en ce qui concerne l’identité organisationnelle et son pendant marketing, la marque employeur, car elles sont essentiellement composées d’expériences éphémères et constamment en mouvement selon les gens qui forment l’organisation et qu’on ne contrôle pas.

En somme, chaque entrepreneur doit apprendre à se vendre, à se distinguer des autres, à construire une histoire captivante autour de lui et de son offre. Au fil du temps, de la croissance, des échecs et de la transformation [inévitable] de son organisation, ce même entrepreneur fera évoluer cette histoire avec cohérence. Puis, avec beaucoup de travail et [un peu !] de chance, cette histoire se métamorphosera en une identité, en une culture organisationnelle et en une marque enviables.

Les feux d’artifice font de l’éclat, mais ne chauffent pas

Attention, ne pensez pas que je manque d’estime ou de considération pour les ateliers de créativité. Au contraire, j’emploie ces méthodes personnellement et professionnellement pour progresser, pour avancer et pour mieux performer. Cependant, je ne crois pas aux miracles spontanés.

Les ateliers de créativité et d’intelligence collective bien orchestrés parviennent à nous renseigner sur l’identité organisationnelle, entre autres, en puisant dans ce qui est commun parmi les éléments identitaires: dans la raison de fonder l’organisation au départ, dans la récurrence et la cohérence des thèmes, dans les histoires de fierté des employés, dans la trame narrative des processus et des façons de faire, bref, dans tout ce qui compose la culture organisationnelle! Ces mêmes ateliers créent aussi une cohésion spontanée autour, mais ils n’y parviennent que partiellement. Pour induire des effets qui s’inscrivent dans la durée pour l’organisation, il est important de soutenir «la découverte» avec des processus de gestion de changement.

Planifier «l’après-atelier»avec une démarche orchestrée, pas juste une vision

Un atelier de créativité au programme? Formidable!Il est essentiel de développer ses muscles de créativité et de collaboration. Toutefois, on se donne des objectifs intelligents, pas démesurés, et porteurs pour la prochaine étape de notre équipe. Aussi, de grâce, on ne s’arrête pas là: on installe le tout dans un storytelling évolutif et cohérent avec la marque, la culture, l’expérience client et employé… et les révélations de l’atelier de créativité.


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Stéphanie Dupuis

J’accompagne les organisations et les leaders à se développer et à se propulser.

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