Un incubateur, c’est pour faire éclore les œufs, non ?

La première fois que j’ai entendu parler d’incubateur, c’était lors de la visite d’une entreprise de Drummondville qui faisait éclore des œufs en vue de les faire engraisser et devenir des poulets pour les restaurants Saint-Hubert.

Dans l’univers bouillonnant de l’entrepreneuriat des dernières années, le terme d’incubateur a toutefois pris plusieurs autres sens et est maintenant couramment utilisé avec plusieurs autres concepts comme les startups ou les accélérateurs.

Pour démystifier tout ça, commençons par le commencement :

Une startup, c’est quoi ?

Le terme startup/start-up est un des termes les plus galvaudés ces temps-ci.

Wikipédia définit une Startup ainsi : en économie, une startup, ou jeune pousse, est une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l’objet de levées de fonds. On parle également de startup pour une entreprise en construction qui n’est pas encore lancée sur le marché commercial (ou seulement à titre expérimental).

Bref, selon cette définition, toute nouvelle entreprise en démarrage pourrait se qualifier de startup et c’est pourquoi on en entend tellement parler depuis quelques années !

D’un autre côté, avec la maturation des écosystèmes entrepreneuriaux, une nouvelle définition fait lentement son chemin : pour les initiés, les startups sont « des entités temporaires destinées à la recherche d’un modèle d’affaires extensible et reproductible. » J’ai même entendu dernièrement la définition suivante : « une entité ayant fait une transaction et qui cherche un moyen de la répéter à grande échelle. »

Ces deux dernières définitions ont le mérite de permettre de faire une différence entre l’entreprise en démarrage traditionnel (un magasin de vêtement traditionnel) et une startup (Frank & Oak, par exemple).

Chez Le Garage & co et la grande majorité des incubateurs/accélérateurs, ce sont ces deux dernières définitions qui sont utilisées le plus couramment.

Montréal foisonne d’entreprises ayant été des startups : Busbud, Beyond the Rack, Frank & Oak, ou Lightspeed, maintenant devenues des entreprises prospères, ainsi que de plusieurs startups qui sont en voie de devenir de grandes entreprises : BonLook, Sharethebus, E-180, Haricot, The Wallrus, Hexoskin, The FoodRoom, pour n’en citer que quelques-unes.

Voyez ici plus de 600 startups reconnues à Montréal.

Ces startups montréalaises (et beaucoup d’autres partout au Québec) sont innovantes et créent de l’emploi et de la richesse, et même beaucoup d’emplois et de richesse si l’on en croit le rapport déposé par Crédo l’automne dernier concernant la contribution des startups montréalaises au niveau du développement économique !

La question à se poser, c’est : est-ce si bon pour l’économie ?

Comment on fait pour en avoir plus ?

Dans le cas des startups, il est maintenant admis que la présence d’un écosystème accélère le développement de startups innovantes et créatives, et c’est là que l’on parle d’incubateurs et d’accélérateurs de startups.

S’il y a beaucoup de confusion entre les deux termes, il faut surtout retenir que ce sont des structures qui cherchent à augmenter le nombre de startups qui deviendront éventuellement des entreprises prospères en cherchant à accélérer leur développement (ou hâter leur échec pour que les fondateurs puissent passer à une autre idée !).

De façon générale, l’incubateur précède l’accélérateur, ce qui signifie qu’une personne ayant une idée de startup devrait passer tout d’abord par un incubateur le temps de valider son idée, de trouver ses premiers clients et de monter une première équipe pour ensuite passer à l’accélérateur pour l’étape qu’on appelle scale-up (démultiplication, mise à l’échelle, amplification, choisissez la traduction que vous préférez).

Toutefois, le consensus s’arrête là…

Les différences entre incubateurs et accélérateurs

Voyons plus concrètement les différences entre les deux concepts :

L’incubation :

  • s’adresse aux startups et couvre les éléments suivants :
    • La sélection de l’idée (Customer Discovery)
    • La validation de l’idée (Customer Validation)
    • La présentation de l’idée (Pitch, Landing Page…)
    • L’acquisition des premiers clients (Customer Acquisition)
  • dure assez longtemps (six mois à deux ans),
  • est habituellement financée par des fonds publics et opérée par des organisations sans but lucratif (OSBL).

L’accélération, quant à elle :

  • s’adresse aux startups prêtes à « expandre» leur modèle et à devenir des entreprises à part entière,
  • dure habituellement six mois,
  • est financée par des investisseurs qui voient ainsi une façon d’investir de façon précoce dans les entreprises à succès de demain. Les accélérateurs sont souvent opérés par des organisations incorporées.

Notez qu’il y a énormément de divergences entre les deux concepts (surtout au niveau des durées d’incubation et d’accélération) et que le but de cet article est de tenter de différencier les deux concepts le plus simplement possible.

Notez aussi que plusieurs incubateurs/accélérateurs sont des créatures hybrides qui se sont adaptées à leur écosystème et qui cherchent à se définir avec des mots qui ne font pas nécessairement consensus chez les acteurs des différents écosystèmes, d’où la confusion. De par la nature de leur écosystème, il est évident que les incubateurs/accélérateurs montréalais sont très différents de ceux de Sherbrooke, de Shawinigan ou de Longueuil.

Si certains offrent de l’hébergement, d’autres ont accès à du financement ou encore sont virtuels. La majorité des incubateurs/accélérateurs des grandes villes sont spécialisés, alors qu’ils sont multisectoriels en région, mais là encore, il y a des exceptions.

Il n’y a pas encore de portail regroupant tous les incubateurs et les accélérateurs, mais certaines initiatives voient le jour, notamment la MAIN, qui vise à regrouper les différentes structures actuellement en activité.

J’ai une idée de startup, mais comment je m’y prends ? 

Dans tous les cas, le processus est habituellement similaire. Les candidats doivent soumettre leur projet, que ce soit à travers un concours de candidature (pour faire partie d’une cohorte) ou soit de façon spontanée sur le site Web de l’incubateur/accélérateur. Faites attention aux conditions d’éligibilité pour maximiser vos chances d’être accepté et éviter de perdre votre temps.
En attendant un registre complet de tous les incubateurs et accélérateurs, je vous encourage à contacter votre CLD, qui saura vous orienter, ou à communiquer avec moi et je tenterai de vous orienter vers la meilleure ressource.

Comme vous le voyez, on est loin des incubateurs qui visent à faire éclore des œufs pour produire des poulets qu’on engraissera, mais en y repensant, le concept se transpose plutôt bien, non ?

Le prochain mois, je vous parlerai de la notion d’écosystème entrepreneurial et de son importance pour l’avenir du Québec.

Ian-Patrick Thibault

Ingénieur industriel spécialisé en optimisation des processus d’affaires, il se passionne pour l’entrepreneuriat sous toutes ses formes. Il met en place des structures pour aider toutes les personnes qui aimeraient se lancer en affaires en mettant sur pieds des activités de formation entrepreneuriale, en opérant un lieu de travail collaboratif (coworking) et en assurant la direction générale du premier incubateur d’entreprises dédié aux entrepreneurs innovants de l’agglomération de Longueuil.

Trouvez-moi sur :

Le Garage & co

C’est alors qu’il se sentait seul dans son garage à créer son entreprise que Ian-Patrick Thibault, l’initiateur du projet Le Garage & co, a commencé à imaginer un endroit rassembleur, où les porteurs de projets innovants pourraient se retrouver et créer leur entreprise dans des conditions optimales, en bénéficiant des outils et du savoir-faire des meilleurs mécaniciens.


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