Quand l’écologie sert à vous différencier
En marketing, le concept de produits à connotation environnementale — la «tendance verte», comme on l’appelle souvent — est de plus en plus présent, et ce, depuis au moins les 10 dernières années. Nous avons toujours eu des pionniers en la matière qui ont su bâtir leur entreprise sur ces principes. Un seul bémol: encore trop peu de compagnies investissent sur des valeurs écologiques pour développer et promouvoir leurs produits de façon continue.
Oui, bien sûr, beaucoup d’entreprises utilisent le marketing vert pour mousser leurs ventes. C’est ce qu’on appelle souvent le «greenwashing: l’art de vendre vert ce qui ne l’est pas». On ajoute donc souvent des logos créés pour un besoin précis, sans qu’ils soient rattachés à une exigence environnementale ou à une réglementation quelconque. Bref, on se proclame «responsables» sans que le consommateur ne puisse vérifier l’implication environnementale réelle.
Ci-haut des exemples de logos non réglementés.
Chez les clients finaux, cette «désinformation verte», donnant une aura écologique à des entreprises et à des produits qui ne le sont pas forcément, a semé la confusion. On reste donc sceptique face aux biens qui sont réellement produits dans un souci de limitation de l’empreinte écologique ou dans une optique d’optimisation de l’utilisation des ressources disponibles. Conclusion: le consommateur veut bien supporter la cause «verte», mais sans toutefois que l’on pige trop dans son portefeuille.
Bonne nouvelle, les plus jeunes générations de consommateurs — les générations X, Z et milléniums — semblent démontrer un plus grand intérêt pour ces problématiques lors d’un choix de produits. Je constate cette généralisation grâce aux divers projets d’études d’opportunités ou de validation de perception des consommateurs sur les produits que j’ai menés. Les critères d’achat reviennent souvent aux matériaux dont est fait le produit, à la possibilité ou non de le recycler ou, même, au désir que ce soit naturel et sans transformation artificielle. C’est une excellente nouvelle et, avouons-le, cela devient un incontournable.
L’Observatoire de la consommation responsable (OCR) a publié son 8e baromètre de la consommation responsable:
- Plus de 8/10 (86,3%) des répondants sont à la recherche de produits plus durables.
- Plus de 8/10 (85,9%) des répondants sont à la recherche de produits plus sains.
- Plus des 3/4 (78%) des répondants recherchent des produits en accord avec leurs valeurs.
Il y a un intérêt certain. Il n’en demeure pas moins qu’il reste beaucoup de place à l’amélioration pour contrer le fait que la consommation responsable commence à stagner. Pourquoi? Les raisons sont assez simples.
- Confusion et cynisme sont au RDV: près de 7/10 des répondants (68,4%) estiment que les entreprises ne donnent pas assez d’informations sur les conditions de fabrication de leurs produits.
- Manque d’innovation: il faut mettre de l’avant de nouveaux modèles d’affaires. Les produits imparfaits et les produits dérivés faits à partir de ceux-ci ont la cote. C’est le cas notamment des jus pressés à froid LOOP qui ont fait leur marque grâce à cette approche.
Face à la réalité actuelle, nous n’avons plus le choix. Les entreprises faisant de la recherche en développement de nouveaux produits devraient tenir compte de ces faits pour surfer la vague dès sa manifestation.
À titre d’exemples, divers nouveaux matériaux écologiques ont été mis de l’avant lors du Salon Maison & Objet de Paris, en 2017. Des produits qui devraient contribuer à révolutionner les habitations à venir.
- Film photovoltaïque
- Cette technologie permet de transformer fenêtres et verrières en source d’énergie. Le film photovoltaïque se pose sur n’importe quelle vitre. Il capte les rayons UV pour les convertir en électricité.
- Biomatériau: briques de mycélium
- Encore à l’étape de prototype, ces briques en fibre de champignons mêlée avec de la biomasse (déchets agricoles, céréales, sciures de bois, etc.), une fois séchées et cuites, pourraient bientôt constituer une alternative écologique aux briques classiques. Ce biomatériau est déjà commercialisé par deux sociétés américaines sous forme de panneaux isolants et pour fins de mobilier. Les briques sont donc l’étape naturelle suivante. Léger, ininflammable et isotherme, ce matériau est une belle alternative.
Heureusement, des entreprises ayant les reins solides financièrement ont commencé à y investir du temps et des ressources. Peu importe les raisons qui motivent ce choix, par exemple, la profitabilité commerciale, au bout du compte, on s’active à dénicher des solutions pour réutiliser les matières et les recycler par le biais de produits ayant des positions de leader de marques sur le marché. Une belle façon de rendre à la mode l’utilisation de déchets et de relooker ce courant écologique pour le transformer en quelque chose d’attrayant et de trendy. Le consommateur sort ainsi plus aisément son portefeuille et transmet le goût et l’intérêt financier aux entreprises d’y investir davantage.
Voici quelques compagnies qui ont décidé de tenter leur chance pour faire avancer la cause et, espérons-le, entraîner d’autres entreprises dans leur sillon.
Adidas et leurs nouveaux souliers sur mesure faits de plastique recyclé.
Ils sont encore à la phase de prototypage en impression 3D. L’objectif est de pouvoir insuffler au consommateur le désir de faire sa part pour la planète tout en ayant un soulier moulé sur mesure et fait de matières plastiques recyclées récupérées de nos océans! Espérons que ce prototypage deviendra une réalité de plus en plus présente. Une production à grande échelle utilisant les déchets de plastiques partout sur la planète, ça fait rêver, non?
Cascades avec son essuie-main commercial antibactérien conçu en collaboration avec des milieux tels les hôpitaux où l’hygiène est une obligation sine qua non.
Taxelco avec sa nouvelle flotte de taxis électriques Téo Taxi complètement high-tech.
Harricana (fourrures) ou Sac&Kolo (cuir), pour ne nommer que ces deux-là, sont des entreprises qui recyclent des produits préexistants pour en créer de nouveaux et ainsi maximiser l’utilisation de ressources existantes.
En conclusion, si l’on veut faire changer les choses, il faut s’y mettre tous ensemble et trouver des façons novatrices d’exploiter sainement nos ressources. Ce que nous consommons doit être au profit d’une nouvelle économie plus verte. C’est aussi une opportunité en or pour développer des technologies qui aideront à réutiliser nos matières en vue de les recycler en produits innovateurs qui se démarqueront.
Références
https://ocresponsable.com/wp-content/uploads/2017/11/BCR_2017_Final_V2.pdf
https://www.index-design.ca/article/trois-innovations-vertes-pour-la-maison-de-demain
https://steemit.com/greenwashing/@johnmelendez/greenwashing-not-green-just-because-it-says-so