Quand la fonction «reset» rend l’âme

Tout au long de la pandémie, je me suis amusée à activer le bouton reset dans ma tête, un peu comme quand la surtension fait sauter le breaker et qu’on le ferme pour ensuite le réactiver dans le panneau électrique. C’est une façon utile et simple, pour moi, de changer de posture pour me rebrancher sur ma motivation, de réactiver des actions plus puissantes dans l’instant et de persévérer vers mes objectifs.
Récemment, j’ai constaté que le breaker saute de plus en plus souvent, et que la fonction reset est plus difficile à mettre en marche. Elle semble désactivée. Mais où est donc passée ma power bar?

 

D’où vient cette formidable capacité à rebooter

Depuis mes débuts comme entrepreneure, j’ai le privilège de cocréer des stratégies de développement avec des entrepreneurs, des leaders et des dirigeants à travers des phases de croissance exponentielles ou modérées, des relèves, des acquisitions, des lancements de produits, des virages stratégiques risqués, mais aussi à travers des changements drastiques de culture organisationnelle, des licenciements, des poursuites et des pertes… sans compter les défis des 18 derniers mois. Force est d’admettre que ces leaders, braves explorateurs des temps modernes, ont sans cesse renouvelé mon admiration envers eux en dévoilant leur expertise et leur superbe: faire des constats rapides sur des situations complexes, prendre des risques calculés — ou pas! —, se retrousser les manches mille et une fois sans ronchonner quand le bon choix est de persévérer ou d’accepter la défaite lorsqu’il est nécessaire d’abandonner.

Ces personnes sont-elles une espèce rare? Une espèce: absolument pas. Rare: oui, assurément! Elles ont été capables de faire apparaître les comportements et de mettre en place les habitudes qui ont créé le mouvement collectif vers l’avant autour de leurs projets pour se sortir des impasses et ainsi atteindre leurs objectifs ambitieux. Alors, est-ce qu’on naît avec certaines compétences et habiletés de communication, de leadership et de résilience? Oui, parfois. Est-ce qu’on peut apprendre les habiletés de communication, de leadership et de résilience? Oui, on peut toujours augmenter la puissance de nos outils. Et pouvons-nous les enseigner aux enfants? Certainement!

Si des gens comme Victor Emil Frankl 1, un éminent psychiatre qui a survécu aux camps de concentration, sont capables de réfléchir aux horreurs de leur passé, d’y donner un nouveau sens, d’en retirer des normes morales personnelles plus élevées et de prendre davantage de responsabilités, c’est bien la preuve qu’il y a presque toujours la possibilité de prendre un temps et de recalibrer notre regard sur nos difficultés.

Quand les défis arrivent tôt dans la vie

Plus tôt, dans la vie, on affronte des difficultés, plus on a la possibilité d’en tirer des leçons puissantes auxquelles il est possible de greffer des motivations pour nos buts et nos objectifs. Cependant, les difficultés amènent, chaque fois, de vrais enjeux qui peuvent être dommageables, voire traumatisants… Idéalement, il faut avoir des ressources, autour de soi, pour nous aider à comprendre la leçon à retenir et ne pas en ressortir traumatisé. Le proverbe africain, selon lequel ça prend un village pour élever un enfant, ne se démentira jamais.

Entreprendre nos projets en 2021

Reset | Jambes posées sur une table en bois avec un arbre à droite

Parallèlement, même si je conçois que nous ne sommes plus des enfants et que nous avons la capacité de réfléchir et de trouver un sens aux épreuves répétées de la dernière année, je constate — chez moi et dans mon entourage — un essoufflement personnel et collectif. Je réalise que nos ressources énergétiques sont appauvries, décimées, et cela se reflète, entre autres, dans notre capacité à tolérer la surtension au travail, en voiture, dans nos conversations, dans nos têtes.

À force de s’adapter, encore et encore, aux impératifs requis pour rebondir et évoluer à travers les divers stades de cette pandémie, notre capacité de surtension s’est épuisée, tout comme nos réserves. Cela se traduit par des phrases qui ressemblent à:

  • «Mon entourage a de plus en plus de demandes envers moi.»
  • «On dirait que je ne sais plus comment être optimiste. Ça ne m’était jamais arrivé avant.»
  • «Mon boss tente de me déverser de plus en plus de responsabilités, mais ses objectifs sont de moins en moins précis. Je manque de repères…»

Métaphoriquement parlant, je dirais que je vois littéralement qu’on a tous épuisé nos barres de surtension et qu’en conséquence, les fusibles grillent et explosent plus intensément et plus fréquemment… Sans compter que les boîtes de recharge desdits fusibles semblent vides. Reconnaître où on en est déjà un bon début, mais c’est nettement insuffisant.

Si vous assumez des rôles de leadership, vous devez prendre vos responsabilités et construire à partir de cette nouvelle ligne de départ avec vous-même, avec vos familles, avec vos équipes et avec vos communautés.

  1. FRANKL, Viktor E. Man’s search for meaning, Boston, Beacon Press, 165 p.


Crédit photo à la une: Brett Jordan
Crédit 2e photo: Ales Maze

Stéphanie Dupuis

J’accompagne les organisations et les leaders à se développer et à se propulser.

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