Les ingrédients de la « startup » parfaite en 2017

À ton époque, tu seras un fou. À la suivante, tu seras un génie !

C’est tellement 2016!

Nous sommes à la croisée des chemins de deux époques. L’ère du mode de vie unique, des produits standards, des médias de masse et du salariat est révolue. Elle laisse place à la personnalisation dans un univers hyper connecté aux possibilités infinies. Alors que l’entrepreneuriat devient un mode de vie, les normes et les standards sont relégués au rang de juteuses opportunités d’affaires !

Depuis les dernières années, les démarrages d’entreprises se sont décuplés partout au Québec. On a vu naître toute une panoplie de nouvelles entreprises présentant un large éventail de modèles d’affaires. Alors qu’on aurait considéré ces modèles comme étant de la pure folie il y a quelques années, ils constituent aujourd’hui de réelles opportunités.

Dans mon rôle d’accompagnateur en démarrage d’entreprise, on me demande souvent à quoi ressemblerait l’entreprise parfaite en ce moment. Malgré tout l’enthousiasme que je peux avoir à discuter de nouveaux modèles d’affaires, je dois toujours ramener l’entrepreneur à ses propres aspirations et besoins. L’entreprise parfaite pour une personne ne le sera pas nécessairement pour une autre. Je dois constamment m’assurer de l’adéquation entre l’entreprise et l’entrepreneur lui-même. Ça fait partie de mon rôle.

Ceci dit, en ce début de 2017, j’ai eu envie de réellement me faire plaisir et de laisser de côté momentanément toute la prudence et la nuance inhérentes à mon rôle de coach en démarrage d’entreprise. J’ai eu envie de simplement vous partager un condensé des grandes transformations de notre environnement socio-économique, qui constituent le bouillon d’une startup à succès. Autrement dit, j’ai eu envie de vous donner les ingrédients secrets de la startup parfaite. Vous êtes prêts ? Les voici !

La mise en place d’une distribution et d’une expérience client omnicanal

smartphone

Que ce soit au restaurant, dans la rue, dans l’autobus ou même dans le métro, les gens zyeutent leur téléphone intelligent ! Ils répondent à un texto, publient une photo de leur assiette sur Instagram, géolocalisent l’épicerie fine la plus proche ou encore, s’improvisent psychologues pour aider leur ami hystérique qui vient de leur envoyer un message catastrophe sur Facebook. Bienvenue en 2017 !

Aujourd’hui, s’informer, comprendre, apprendre, communiquer et décider implique nécessairement les technologies de l’information. La frontière connexion-déconnexion n’existe plus. La réalité physique et l’univers technologique se côtoient et occupent le même espace. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’ils sont en symbiose, si on fait momentanément abstraction des burnouts qui en découlent.

Les entreprises ont compris depuis un bon moment que l’expérience d’achat est partiellement dématérialisée et que la distribution doit s’y adapter. L’expérience client oscille entre une expérience en ligne et une expérience physique, le tout sur un seul et même continuum. Alors que le client se trouve dans un magasin Brick, parallèlement, il jette un œil aux promotions de Brault & Martineau sur son téléphone intelligent. Alors que cette réalité a initialement créé quelques crises d’urticaires aux dirigeants, elle est désormais acceptée comme étant la norme. Les entreprises travaillent avec elle.

À la différence des entreprises déjà en activité, les startups ont le luxe de recréer une expérience client entièrement nouvelle. Elles n’ont pas à tenir compte d’un historique d’entreprise qui les contraindrait en termes d’actifs, de personnel, d’intelligence organisationnelle ou encore de gestion du changement. La startup a cet immense privilège de simplement créer une nouvelle norme pour ensuite la mettre en place dans son industrie. La startup jouit d’une telle agilité, car ses processus opérationnels sont encore en définition.

La startup parfaite intègre la réalité technologique et la réalité physique. Elle mise sur l’absence de frontière entre la connexion et la déconnexion pour développer une expérience nouvelle, attrayante et surtout, rentable.

Le fait d’intégrer l’expérience physique et virtuelle transforme complètement notre conception habituelle des espaces et des interfaces de ventes. Par exemple, la boutique Frank and Oak, dans le Mile-End, n’a rien d’un espace traditionnel. Dans un local qui héberge également le café Névé et un barbier, la boutique expose efficacement sa marque, sans pour autant tourner un inventaire gargantuesque. Ce n’est pas la mission de la boutique, parce que la grande majorité des ventes se font en ligne. Le conseiller se fera un plaisir de simplement ajouter l’item au compte du client, qui le recevra directement à la maison, dans la taille de son choix.

Sachant que la startup parfaite arrive à mettre en place une expérience client et une distribution omnicanal, imaginez un moment toute la panoplie de nouveaux modèles d’affaires qui pourraient être développés en misant sur cette réalité. Alors que certaines industries sont actuellement considérées comme étant sursaturées, toute startup qui propose une expérience et une distribution renouvelée peut facilement tirer son épingle du jeu.

Le souci de la santé et du bien-être des gens

jus

Nos grands-parents n’ont jamais prononcé le terme malbouffe de leur vie et je vous mets au défi de leur expliquer qu’un steak puisse être mauvais pour leur santé !

Aujourd’hui, nous comprenons qu’il est nécessaire de bien s’alimenter, de prendre soin de sa santé, de faire de l’activité physique et de s’occuper activement de sa santé mentale. Ceci dit, ce mode de pensée est très récent. Bien que les générations X et Y l’aient intégré à merveille, il reste que plusieurs industries n’adressent pas encore toutes les facettes de cette nouvelle réalité, ce qui laisse place à une foule d’opportunités d’affaires. L’industrie alimentaire en est l’exemple le plus frappant. S’il est vrai qu’on retrouve une allée de produits biologiques dans presque toutes les épiceries traditionnelles, ces dernières ne sont pas encore équipées pour accommoder le végétarien, le végane, le crudivore ou encore le locavore. Si vous êtes végane et que vous avez une rage de jujubes, je vous souhaite réellement bonne chance pour trouver un sac qui ne contient aucune gelée animale !

Il y a donc plusieurs niches à occuper pour considérer les nouveaux besoins en matière de santé et de bien-être. De nouvelles entreprises sont constamment créées en ce sens, laissant voir de tout nouveaux modèles d’affaires. C’est ce qu’ont fait les fondateurs des jus pressés à froid Enzymes. Idem pour Gusta qui a réellement créé un nouveau standard en termes de fromages et de charcuteries végétaliennes.

L’industrie alimentaire n’est pas la seule concernée par le domaine de la santé et du bien-être. L’industrie de l’activité physique est grandement touchée, tout comme l’ensemble des services professionnels qui y sont associés. On voit naître des applications mobiles de yoga, de méditation et de course. Sont également mis sur pied de nouveaux services de coaching, ainsi que de nouvelles méthodes d’entraînement qui vous demanderont de ramper dans la boue pour ensuite soulever une roue de tracteur. Chacun ses goûts !

Parallèlement, certaines entreprises, dont la mission n’est pas directement liée à la santé et au bien-être, y contribuent tout de même par la bande. C’est le cas de Samsung qui offre des cours de yoga au grand public[1]. Cela signifie que toute entreprise peut apporter son grain de sel dans le domaine.

La participation active à l’économie de partage

Qui n’a jamais utilisé Airbnb ? Quand on parle de l’économie de partage, on pense immédiatement à cette plateforme qui rend heureux hôtes et clients. Quand on y pense, c’était une évidence qu’un jour la technologie permettrait de créer des marchés d’offreurs constitués de monsieur et madame tout le monde ! Comme on dit, c’est facile de prédire le passé !

Moins connue, la nouvelle plateforme Turo offre un équivalent d’Airbnb dans le domaine de la location automobile. Si on résume, on peut dire qu’aujourd’hui les appartements ne restent plus vides et que les voitures ne restent plus immobiles dans les stationnements. Ce qui est inutilisé peut être rentabilisé. C’est la nouvelle norme !

L’entraide et le partage ont laissé place à l’économie de partage. Du pareil au même, direz-vous ? Pas du tout ! L’aspect technologique permet aujourd’hui de décupler les possibilités de partage. On est à des années-lumière du voisin qui vient vous demander de lui prêter du sucre pour terminer son gâteau, bien que le principe de fond soit le même. L’économie de partage intègre la notion de masse à la notion partage.

De nombreuses plateformes se mettront en place au cours des prochaines années dans le but d’adresser de multiples besoins à l’aide de l’économie de partage. Au-delà des plateformes, d’autres opportunités verront également le jour. Alors que certaines entreprises contribueront à l’économie de partage parce que c’est inhérent à leur mission, d’autres y prendront part même si cela déborde de leur mission. Par exemple, un café pourrait décider d’aménager un coin lecture où les gens prendraient un livre en échange d’un autre qu’ils ont terminé.

Chose certaine, l’économie de partage est là pour rester. De plus, elle offre des opportunités absolument incroyables. Les startups qui y prennent part, que ce soit directement ou indirectement, en tireront profit !

Le souci de l’environnement et le développement durable

environnement

Le développement économique et le souci de l’environnement sont de moins en moins perçus comme étant aux antipodes. S’il est vrai qu’un clivage a longtemps existé entre ces deux réalités, les avancées technologiques ont permis des rapprochements considérables entre les deux. Que ce soit à travers les technologies propres, les bio-industries environnementales, l’écoconstruction, la valorisation de la biomasse, la plasturgie ou encore les matériaux composites[1], on peut dire que l’économie devient graduellement le moteur d’un virage vert. Qu’on soit sceptique ou encore climatosceptique, il est indéniable que le souci de la protection de l’environnement a permis à plusieurs industries de se moderniser, tout en laissant de nombreuses opportunités d’affaires pour futurs entrepreneurs.

Idénergie fait figure de proue en la matière. Cette startup prometteuse a développé des hydroliennes sans danger pour la faune aquatique, qui pourront approvisionner les pays émergents en énergie propre. Cette entreprise est la preuve vivante que le développement économique et l’environnement sont désormais liés. Les nouvelles solutions technologiques qui contribuent au développement économique doivent démontrer leur capacité à respecter l’environnement.

Ceci dit, nul besoin de réinventer la roue pour se soucier de l’environnement. Le restaurant végane La Panthère verte a choisi d’utiliser des pots Masson pour ses plats à emporter. Voilà un exemple d’écoresponsabilité accessible, facile à mettre en œuvre et qui, au final, fait une différence. Cela signifie qu’il n’est pas nécessaire d’être ingénieur en énergie verte pour participer au souci collectif de l’environnement.

Qu’on se comprenne bien. Le souci de l’environnement est vertueux. Par contre, je vous le présente ici sous l’angle de l’opportunité d’affaires qu’il constitue. Autrement dit, je vous le présente comme étant l’un des ingrédients de la startup parfaite de 2017. Que l’entrepreneur y prenne part directement ou indirectement, le souci de l’environnement présente des opportunités d’affaires attrayantes, viables et surtout, de plus en plus rentables. Les possibilités d’intégration de cette réalité aux modèles d’affaires des startups sont quasi infinies.

L’inclusion du client dans la conception de l’offre et la personnalisation

people

Vous vous souvenez des croustilles Lay’s à la brioche à la cannelle ? L’idée vient de Gloria Melanson de London, en Ontario. Elle a proposé cette saveur dans le cadre d’un concours mené par l’entreprise qui invitait la population à proposer la prochaine saveur de Lay’s. Madame Melanson mentionne que les brioches à la cannelle lui rappellent son enfance, ou plus précisément, les bons moments qu’elle passait chez sa grand-mère alors qu’elle en cuisinait.

Qu’on ait adoré ou détesté cette saveur n’a aucune importance ! Ce qui compte, c’est l’offensive marketing qui se cachait derrière ce concours. Et vous savez quoi ? Ç’a très bien fonctionné ! L’entreprise a impliqué son client dans la conception du produit. Plus que jamais, le consommateur veut participer à la conception du produit ou du service qu’il consommera. Ce concours mené par Lay’s illustre bien l’importance d’impliquer le client dans le développement du produit.

Certaines entreprises vont au-delà de l’implication du client dans la conception d’un nouveau produit. Elles permettent au client de personnaliser sa propre commande. C’est le cas de l’entreprise Poches et fils qui a fait jaser énormément avec ses publicités. Le client peut choisir son type de t-shirt, chandail ou camisole et ensuite y assortir la poche de son choix. Cette startup a réellement su tirer profit de la tendance de la personnalisation. Tailor2Go en est un autre bel exemple. Son fondateur, Nathon Kong, sillonne les rues de Montréal avec sa boutique mobile. Il va à la rencontre du client pour lui offrir une expérience unique de personnalisation sur mesure.

Alors, que ce soit en interpellant le client lors de l’élaboration d’un nouveau produit ou encore, en lui permettant de personnaliser lui-même sa propre commande, on comprendra que le client doit aujourd’hui avoir son mot à dire dans la conception de l’offre. À l’ère des médias sociaux où chacun partage ses activités et exprime ses préférences et états d’âme en continu, il devient tout naturel que l’élaboration de l’offre d’une entreprise soit le résultat d’un dialogue avec le client, plutôt qu’un simple monologue marketing.

Les autres ingrédients de la startup parfaite

Je viens de vous présenter les éléments-clés des tendances socio-économiques actuelles. Ces dernières constituent le bouillon d’une startup à succès en 2017. De nombreux modèles d’affaires ancrés dans ces réalités sont encore à développer. Les opportunités sont justes là, prêtes à cueillir.

Or, avec toute la nuance et la prudence qu’impose mon rôle de coach en démarrage d’entreprise, je dois vous mentionner que ces réalités ne sont pas exclusives. Par exemple, les questions liées à la gestion de l’information, à la sécurité, à la proximité et aux effets post-récession[1] ont été passées sous silence dans cet article. Il serait faux de dire que vous avez ici une liste exhaustive, complète, statique et définitive des réalités socio-économiques de 2017. Il vous faut donc concevoir cet article comme une mise en relief de certaines réalités-clés qui présentent de juteuses opportunités d’affaires pour les entrepreneurs.

Le premier ingrédient de la startup parfaite reste et restera toujours l’entrepreneur lui-même. Quiconque choisit une industrie ou un modèle d’affaires uniquement en raison de son potentiel économique court tout droit vers l’échec. La startup parfaite est d’abord et avant tout l’entreprise que l’entrepreneur souhaite lancer, celle qui le mobilise et le pousse en avant, dans l’action.

Sur ce, je vous souhaite sincèrement une très bonne startup 2017 !


 

[1] Quels sont les secteurs d’avenir au Québec ? Desjardins Études Économiques. Volume 23-2013/Planifier votre croissance cinq tendances de consommation qui changent la donne. Étude BDC. Octobre 2013

[1] Quels sont les secteurs d’avenir au Québec ? Desjardins Études Économiques. Volume 23/2013

[1] http://www.infopresse.com/dossier/2017/1/10/tendances-2017

Jean-Philippe L'Écuyer

Jean-Philippe accompagne quotidiennement les entrepreneurs en démarrage d’entreprise. Il a aidé plus de 250 entrepreneurs à se lancer en affaires et a levé plus de 4,5 M$ en financement d’amorce. Coach professionnel, il est également titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en entrepreneuriat de HEC Montréal. Il est le fondateur de Vision et Mission, un blogue sur le démarrage d’entreprise.

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