Entrepreneuriat: la résilience comme source d’innovation

Deux ans après le début de la pandémie, retour sur cette période hors du commun. Que ce soit une perte immédiate de revenus, la nécessité d’amorcer une transition numérique accélérée, le défi de retenir son personnel ou de recruter dans une atmosphère incertaine, la fermeture… tous les entrepreneurs sans exception ont été impactés par la COVID-19.

On a d’ailleurs souvent souligné le besoin de s’adapter et l’incroyable résilience des entrepreneurs québécois. Une étude effectuée en 2021 par Étienne St-Jean et Marc Duhamel, professeurs à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), révèle en effet que les entrepreneurs au Québec ont été nombreux à tirer leur épingle du jeu grâce à leur résilience et à leur vigilance entrepreneuriale pendant la pandémie, et qu’ils se sont fait remarquer à l’échelle internationale.

Pour Mounia Azzi, vice-présidente du développement des programmes et des partenariats chez adMare BioInnovations, un pôle d’innovation qui a pour but de développer les sciences de la vie au Canada, «la pandémie de COVID-19 a constitué une source sans précédent de bouleversements à bien des égards – et nous commençons tout juste à prendre la mesure des défis qu’elle a créés, des leçons que nous pouvons en tirer et des opportunités qu’elle a présentées».

S’adapter pour innover

La pandémie l’a montré, l’environnement économique peut se modifier brutalement. Comment rester agile en tant qu’entreprise ou organisation, dans un contexte qui peut changer soudainement? Un élément qui a émergé est la nécessité de s’adapter. De nombreuses entreprises au Centech, un incubateur qui accompagne plus de 90 entreprises en hautes technologies et technologies médicales, ont vécu une véritable transformation mais ont su tirer leur épingle du jeu.

«Pour certains, l’industrie qu’ils connaissent depuis très longtemps a été mise en pause, et l’est encore aujourd’hui. C’est une situation très difficile pour ces entrepreneurs, mais nous avons vu énormément de résilience, et nous en sommes fiers. Pour d’autres, cela a été l’occasion de repenser leur modèle d’affaires, ou même de développer une solution à un problème qui n’était pas encore connu avant la crise. C’est le cas notamment de l’entreprise Teaméo, qui a vu une nouvelle façon de permettre aux enseignants et étudiants de collaborer ensemble, et cette nouvelle façon est le nouveau standard qui continuera dans le futur», explique Martin Enault, entrepreneur en résidence en chef, Centech.

Martin Enault donne également en exemple l’entreprise GPHY, qui a saisi l’occasion pour offrir une solution adaptée à la nouvelle réalité du travail, qui ne redeviendra jamais entièrement «comme avant».

La capacité des entreprises à innover a donc constitué un levier important pour passer au travers de la crise. Sans aucun doute, dans le cas du Centech, cela a aussi été possible grâce au soutien de cet écosystème solide.

Des écosystèmes en soutien à l’innovation

D’ailleurs, Mounia Azzi met l’accent sur l’importance d’un écosystème connecté, encore plus dans le contexte d’une crise, pour soutenir les entreprises et, de manière plus générale, accélérer l’innovation.

«Nous savons que l’innovation prospère dans des écosystèmes dynamiques et bien connectés, en particulier lorsque ces écosystèmes existent sous une infrastructure physique commune. Pour nous, ce qui est plus clair que jamais, c’est que l’industrie canadienne des sciences de la vie se doit d’être forte et durable pour alimenter l’innovation, stimuler la reprise économique et la croissance», a-t-elle expliqué.

Chez adMare, plusieurs entreprises résidentes ont su saisir l’occasion pour innover, et parfois même pour s’impliquer dans la lutte contre la COVID-19. Ainsi, l’entreprise de biotechnologie Molecular Forecaster a commencé à travailler sur un premier projet de réponse à la pandémie en janvier 2020, avant même que l’alerte ne soit déclenchée au pays. Son travail pour faire avancer la recherche et les projets en lien avec la COVID-19 se poursuivent à ce jour.

«Le Centre d’innovation d’adMare, situé dans le Technoparc Montréal, et qui accueille des locataires, fonctionne comme une plaque tournante centrale qui offre aux entreprises la possibilité de se développer et de maintenir leurs activités à Montréal, tout en amplifiant et en accélérant la R-D essentielle à l’innovation et à la commercialisation, même en période de difficultés», ajoute Mounia Azzi.

---

Crédit photo à la une: Towfiqu barbhuiya

Crédit 2e photo: Mars

Crédit 3e photo: CoWomen