La cabane à sucre, tout un travail d’équipe!

Le temps des Sucres: la contemplation de l’éveil de la terre et du rappel de la nécessité du travail d’équipe

Au Québec, le printemps est synonyme du temps des Sucres et de la fameuse cabane à sucre.  La  période du Temps des Sucres dure habituellement trois semaines de la fin mars jusqu’à la fin d’avril et  c’est l’écart de la température entre la nuit et le jour qui permet la production du sirop d’érable.  L’eau est emmagasinée dans les racines des érables et la chaleur fait remonter celle-ci pour alimenter les bourgeons au sommet de l’érable.  Les chalumeaux entaillés dans les érables captent cette eau sucrée et on peut entendre la musique du « toc-toc » lorsqu’elle remplit les chaudières.

Pour beaucoup de Québécois, lorsqu’on mentionne « cabane à sucre », on voit tout de suite l’image d’une centaine de personnes attablées devant un énorme repas arrosé abondamment de sirop d’érable.  En fait, c’est devenu une grosse industrie commerciale qui, bien qu’elle provienne de nos traditions québécoises, s’éloigne de l’essence même de la tradition et de la collaboration qui a été nécessaire à l’origine pour produire le sirop d’érable.

D’après l’histoire, ce sont les Amérindiens qui auraient découvert le sirop d’érable puisqu’ils utilisaient déjà la sève de l’érable pour ses propriétés curatives, notamment pour le traitement du scorbut.  Plusieurs légendes racontées par différentes tribus amérindiennes expliquent que c’est  par  un concours de circonstances et en observant le phénomène d’évaporation de la sève qu’ils ont découvert sa transformation en sirop d’érable.  Ces légendes imprégnées du fantastique impressionnent les enfants et font sourire les adultes tout en rendant hommage à la magie de la nature.

C’est la collaboration et le transfert de ces connaissances entre les Amérindiens et nos ancêtres colonisateurs qui serait à l’origine de nos cabanes à sucre.  Peu de gens réalisent le temps et l’effort que demande la récolte artisanale du sirop d’érable.  En fait, nos ancêtres ont fait en sorte que la laborieuse récolte du sirop nécessaire pour le ravitaillement annuel du sucre pour plusieurs familles devienne  un rassemblement festif couru par les membres de la famille, voisins et amis. La confection du sirop d’érable était réalisable grâce à l’implication et la collaboration de la communauté, bref c’était un véritable travail d’équipe !

Tout d’abord, il fallait avoir une grande terre pour être en mesure d’opérer une cabane à sucre.  On défrichait sa terre et utilisait les arbres abattus pour son bois d’œuvre, de chauffage et pour faire fonctionner l’évaporateur de sa cabane à sucre. Ensuite à l’hiver, il fallait préparer les sentiers en raquette et sélectionner les érables quand le « redoux » venait au mois de mars, on entaillait les arbres et installait les chaudières.  Ensuite quand les érables coulent, il faut ramasser les chaudières et faire le transport vers l’érablière tous les jours.  On se servait des chevaux, des chiens de traîneau, des voisins, des amis et des p’tits cousins! Le sucrier s’occupait d’alimenter de bois l’évaporateur continuellement pour faire bouillir l’eau d’érable.  Un p’tit peu de whisky dans le réduit et avec mononc’ le « gigueux », l’ambiance était à la fête.  Quand tout le monde avait bien travaillé, un festin les attendait, préparé par les femmes de la communauté.  Tout le monde y mettait son grain de sel et avait la satisfaction d’avoir participé à faire quelque chose d’utile à la communauté.  Chacun repartait avec une provision de sirop d’érable qui servirait à faire les desserts et petite gâterie pour la prochaine année.

La cabane à sucre que nos ancêtres nous ont laissée en héritage est  un  éloquent message de travail d’équipe et que l’atteinte d’un but commun peut se faire dans le plaisir avec plein de p’tits becs sucrés !

Carole Turcotte
Copropriétaire, psychoéducatrice et coordonnatrice de la meute (à deux et à quatre pattes!) – Kinadapt
www.kinadapt.com
(450) 834-4441