Cirka, québécois pure laine

Certains entrepreneurs ont besoin de redéfinir un marché, d’innover, d’offrir un produit unique. Première distillerie artisanale de Montréal, Cirka se présente comme un produit 100 % québécois, du grain à la bouteille. À travers la magie de la distillerie, ils nous offrent le souci du détail, le respect des produits et la qualité de la production et du produit.

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C’est Paul Cirka qui a lancé l’idée à ses amis, aujourd’hui partenaires. Il constatait la qualité des produits proposés ailleurs et souhaitait offrir cette même qualité ici, au Québec. Joanne travaillait dans le milieu technologique, « loin de l’humain ». Elle a vu cette ouverture comme une opportunité de se rapprocher des gens et d’exploiter son intérêt pour l’alimentation. Avec leur troisième partenaire, John Frare, ils ont cherché à créer une expérience complète autour de la distillerie : offrir des cours, s’associer avec un mixologue, etc.

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Optimisme et naïveté

Pour Joanne, un bon entrepreneur est passionné, mais il sait aussi exploiter son côté cartésien. « Il faut une vision claire dès le début, comprendre ce qu’on veut faire ». Et à partir de cela, il faut aussi beaucoup de courage, d’optimisme et de naïveté pour croire en notre projet, nous dit-elle. Une bonne planification est nécessaire, « une étape à la fois » et surtout, « faire de la recherche ». « Il faut bien s’entourer, bâtir une équipe géniale qui partage tes valeurs. » Par exemple, ils ont parlé avec plusieurs producteurs avant de choisir ceux qui offraient un produit à leur image. Ils se sont entre autres associés à un mixologue récipiendaire qui possède son propre réseau et qui leur crée des recettes uniques.

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Entrer dans la danse

Dès le départ, Joanne spécifie qu’il est important d’avoir un bon financement. « La SAQ peut prendre un an pour vendre. Il faut un plan B si ce n’est pas accepté, car c’est notre seul client. »

Et c’est d’ailleurs ce qu’ils ont vécu en début de projet : « La première commande doit partir. L’agence appelle et selon la SAQ, ce n’est pas de la vodka d’après la définition de la loi. Une vodka ne doit pas avoir de goût… on a trois choix : on n’en vend pas au Québec, on mentionne que c’est une vodka aromatisée, ce qui est faux, ou on change l’étiquette ». Afin de rester le plus fidèles possible à leurs valeurs, ils ont choisi de changer l’étiquette pour l’appellation terroir. Mais en poursuivant leurs recherches, ils ont constaté que cette loi était interprétable et ont pu récupérer leur appellation vodka.

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Éduquer et fidéliser

Subséquemment, éduquer les gens fait aussi partie des défis de l’entrepreneuriat, au démarrage et au quotidien. « Des fois, on a les bleus, il faut s’assurer qu’on ne lâche pas. Oui, ça va changer, une journée à la fois ». Par ailleurs, le manque de temps est une autre difficulté pour un entrepreneur, selon Joanne Gaudreau. « On veut en faire beaucoup, mais on n’a pas toutes les ressources. »

Et à long terme ? Dans une industrie axée sur le marketing, il est difficile de rivaliser avec des concurrents ayant de grands moyens. « On s’inspire de plusieurs produits : ce qui les démarque, la mise en marché. » Joanne remarque aussi que « le craft est en croissance, les gens veulent de la qualité ».

Toutefois, la curiosité des consommateurs nécessite une certaine vigilance, car ce désir de découverte « empêche un peu la fidélisation », explique Joanne. Pour fidéliser, Joanne Gaudreau et ses partenaires misent sur l’expérience vécue à la distillerie, avec les visites, les ateliers, les recettes partagées sur leur site, etc.

Le consommateur et l’achat local

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Ce souci du détail et de la qualité, ainsi que l’image 100 % québécoise n’est pas seulement un coup de publicité. Au-delà de la « méthodologie, le résultat aussi est important et différent. On contrôle le résultat », remarque l’entrepreneure. Les aromates, la forêt boréale, la Gaspésie, le « fait au Québec » sont surtout le gage d’une saveur unique, d’un produit unique.

Pour le reste, la décision revient au consommateur de supporter ou non les entreprises locales et les produits québécois. L’entrepreneuriat reste difficile, car « on n’a pas les mêmes moyens, les mêmes valeurs et les mêmes canaux de distribution que les Chinois », mais la qualité n’est pas la même non plus, explique Joanne. Elle remarque qu’il y a beaucoup de boutiques qui ouvrent et qui ferment : « la faute à qui ? L’entrepreneur a-t-il fait tout ce qu’il devait faire ? Et les consommateurs ? »

« Au Québec, il y a un bon esprit entrepreneurial, une belle créativité. » Heureuse de constater la croissance des distilleries québécoises, elle préfère « une compétition locale ». « On aide les gens qui démarrent, on ne cache pas notre expérience. » Car pour l’entrepreneure, plus il y a de produits artisanaux, plus il y a d’artisans, plus il y a de visibilité pour ce type de produit. « On veut aider la visibilité. »

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« Notre marché, ce sont les locavores et les épicuriens »

Joanne et ses partenaires veulent être fiers de leur produit. Pour cela, l’entreprise mise sur des produits de qualité, abordables, sur la transparence et l’authenticité. Ils espèrent « un succès international ».

Il est impératif de croire aveuglément en son produit, « être naïf », comme nous l’a indiqué Joanne. Au Québec, si l’entrepreneuriat est plus difficile, il n’en demeure pas moins inspirant. Chaque bataille, chaque victoire permet l’essor de l’entrepreneuriat. Pour Cirka ce sera, entre autres, de voir apparaître sur les tablettes de la SAQ leur vodka, puis leur gin et leur whisky, mais aussi, de les savoir dans les maisons, pour les Fêtes.


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Pour découvrir la fiche de Cirka

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Éveline Thibault-Lanctôt

Hippie, geek et maman, Éveline est curieuse et touche-à-tout. En devenant maman, ce n’est pas seulement le mode de vie familiale qu’elle a embrassé, mais aussi le mode de vie « signé local ». Avec son mari, elle se lance en affaire à l’automne 2016 avec sa compagnie L’Atelier de Tennis, une école de tennis pour toute la famille, dans Lanaudière. Aussi enseignante, rédactrice et réviseure linguistique avec sa compagnie Le Scriptorium, elle réalise peu à peu que l’entrepreneuriat et le travail autonome sont faits pour elle. À travers ce blogue, enfin, elle pourra commenter la scène locale et vous inspirer à farfouiller les recoins du Québec afin de découvrir le « fait au Québec ».

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Signé Local

Lancée en décembre 2015, la plateforme SignéLocal.com est la vitrine du Fait au Québec. Le site Web, dont le but premier est de faire rayonner les entreprises ayant des produits de qualité et comme valeur la fabrication locale, regroupe déjà plus de 400 entreprises membres, partout en province.


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