Faire le plein

Quand votre cerveau tombe à plat, savez-vous le reconnaître et lui «offrir» précisément ce dont il a besoin? Parallèlement, quand vous êtes devant une situation problématique et récurrente, savez-vous percevoir sa complexité et lui «accorder» une véritable exploration AVANT de chercher une solution «toute faite»?

 

Développer de nouvelles perspectives, adopter une nouvelle posture, ça n’est pas simple. La clé de départ, ça fait longtemps que l’humain l’a trouvée: «Wisdom begins in wonder», dixit Socrate.

Je m’asseois, aujourd’hui, pour écrire, et je dois dire que je me sens assez privilégiée, merci. Je suis bien installée dans un chalet niché au Cap-à-l’Aigle, à La Malbaie. La vue est magnifique. Le vent siffle fort et fait danser les grands pins. Le silence habite le chalet. Le feu crépite dans la cheminée. J’ai parcouru 430 km pour me retrouver ici parce que mon cerveau en avait besoin et parce que les projets sur lesquels je planche méritent que je leur accorde une attention soutenue, une exploration vaste et ininterrompue.

Bien sûr, ici, comme dans mon quotidien, je me retrouve face à mon Mac et à moi-même. Ben alors? Qu’y a-t-il de SI différent? Tout et rien, en fait.

Comprendre les mécanismes sous-jacents de la créativité

Faire le plein | Personne qui écrit de la main droite sur un bureau

Dans mon métier de consultante en créativité et en stratégie, je dois créer des expériences où les personnes développent de nouvelles habiletés et révèlent de nouveaux potentiels. Le design des ateliers, c’est-à-dire la mise en place, l’espace, le temps, fait le gros du travail pour amener l’ouverture et les nouvelles possibilités dans les équipes et les organisations.

Il y a toute une science derrière la création d’une expérience qui installe une vraie transition et une réelle évolution pour les participants. Ce n’est pas magique. Ça nécessite la compréhension de mécanismes précis et une expertise pour les stimuler et les optimiser.

Crinquer la créativité

Faire le plein | Personne assise à une table qui dessine dans un cahier

Les mécanismes impliqués pour stimuler l’ouverture, la créativité et l’innovation de façon efficace et durable sont les mêmes pour soi que pour une organisation (quoique les systèmes avec plusieurs humains sont évidemment plus complexes et plus volatils!). Voici une liste non exhaustive de moyens concrets pour extirper votre cerveau, ou celui de chaque membre de votre équipe, d’une panne. Note: j’ai volontairement alterné le singulier et le pluriel pour illustrer diverses situations.

  • Développer une curiosité sincère envers soi. Ce qui me fait plaisir. Ce qui m’ennuie. Ce qui m’anime. Est-ce que je connais précisément quoi faire et comment recharger mes batteries? «Faire le plein» est un acte différent que de simplement «faire le vide». Faire la liste des 1 000 choses qui vous font du bien est une belle idée pour amorcer cette exploration.
  • Définir la nature et l’ampleur de la «panne» ou de l’enjeu à explorer. Est-ce une situation que nous avons déjà affrontée? Quel est notre sentiment de compétence vis-à-vis notre capacité à la saisir, à la comprendre? De quoi avons-nous besoin pour créer de nouvelles perspectives : de temps, de connaissances, de nouvelles habiletés, d’une personne expérimentée en la matière? Demeurer humble devant la complexité est essentiel et utile à l’exploration d’une question complexe.
  • Fabriquer un sens important et personnel [des objectifs à court, moyen et long termes] pour explorer la question. Quelles sont nos intentions derrière l’exploration de cet enjeu? Que peut-on y trouver de nouveau, et comment cela peut-il nous aider à faire avancer notre cause [notre mission, notre vision]?
  • S’accorder du repos actif. Nos cerveaux humains sont structurés comme toutes les matières vivantes de notre monde: ils ont besoin de rythme! La nature a ses saisons; nous avons besoin d’alterner entre les cycles «focus» et «unfocus» [en science, on les nomme «central executive network» et «default mode network»]. Encore ici, c’est une question de reconnaître nos besoins (curiosité). Une pause peut être une stratégie d’évitement, donc non productive, ou une stratégie de prise de responsabilités, alors absolument nécessaire.
  • Se pratiquer à faire de l’inachevé. En TI, on l’appelle le produit viable minimal. En langage interne, cela pourrait ressembler à s’entraîner à «juste être bon» et ne pas chercher à implanter la solution parfaite. Un peintre connaît la valeur du coup de pinceau et, avec l’expérience, le moment où il doit s’arrêter. L’acharnement peut littéralement détruire un chef-d’œuvre.
  • L’espace et le temps. Il est difficile de créer de nouvelles possibilités en soi. La résistance au changement n’est pas une nouvelle notion. S’éloigner est un moyen efficace pour faire le plein, d’où la popularité des lacs à l’épaule, même si ce n’est pas toujours possible. Pour développer une culture plus innovatrice et plus agile, il faut apprendre à s’autoriser de nouvelles permissions, ce que j’appelle «s’auto-injecter du fun et des breaks».

 

Envie de pousser votre exploration de la créativité? Je vous suggère cet essai formidable sur la question, Tinker, Dabble, Doodle, Try: Unlock the Power of the Unfocused Mind, du psychiatre et chercheur Srini Pillay.


Crédit photo à la une: Roma Kaiuk
Crédit 2e photo: Green Chameleon
Crédit 3e photo: Rachael Gorjestani

Stéphanie Dupuis

J’accompagne les organisations et les leaders à se développer et à se propulser.

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Créer, accompagner et enseigner aux organisations à rebondir, évoluer et prospérer de façon saine et durable.


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