Connaissez-vous la sérendipité?
La Sérendipité est le fait de «trouver autre chose que ce que l’on cherchait».
Il arrive que ce soit parce que l’on cherchait autre chose, par contrainte, par accident ou maladresse…
Aussi : «La sérendipité ne doit pas se confondre avec le hasard. Si les découvertes par sérendipité sont imprévues, inattendues, en général, elles ne sont nullement inexplicables, et ne sauraient être comparées au jeté de dés !» Olivier Ertzcheid.
Pour faire le point sur cette «expérience –cocktail» d’intuition, de flair, de chance, de créativité, de perspicacité, d’opportunisme, de lucidité ou de clairvoyance, je me suis penchée sur les recherches et les études faites par Jean-Yves Germain, Coach-Formateur & Psychologue clinicien du travail. Son regard est nourri d’une vaste connaissance, du manager opérationnel et stratégique, dans des environnements complexes et en perpétuel changement.
Je le cite aujourd’hui, car il a développé une approche très originale de la sérendipité. Il propose le concept de «SÉRENDIPITÉ INTENTIONNELLE ©».
Mais avant de s’y attarder, voyons un peu d’où provient la sérendipité comme la valorisation de l’inattendu.
LA SÉRENDIPITÉ EST-UNE MODE OU UNE NÉCESSITÉ ?
«Sérendipité» a été élu mot de l’année en 2010 par le magazine Sciences Humaines.
En 2012 il entre dans le Larousse et Le Petit Robert.
Le concept n’est pas nouveau : la découverte de l’Amérique en est une illustration célèbre (Colomb cherchait les Indes), et le mot anglais serendipity est apparu en 1758. Si, depuis peu, «sérendipité» figure dans les dictionnaires français, il est probable qu’un effet Internet n’y soit pas étranger.
«Appliqué au monde de l’entreprise, ce concept, au-delà d’un effet de mode, est tout à fait actuel et se révèle particulièrement pertinent pour accompagner les postures managériales.»
«La principale caractéristique du monde auquel les managers ont à faire face, c’est l’incertitude». «Le nouveau, c’est l’improbable » (Edgar Morin)
UNE NÉCESSITÉ PERTINENTE
SÉRENDIPITÉ
La sérendipité est, en entreprise, l’exploitation d’une créativité accidentelle causée par les circonstances, la chance, une maladresse, une erreur. (JL SWINERS)
CRÉATIVITÉ
Créativité : capacité à avoir une idée ou à réaliser une production à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste. (N BONNARDEL)
En entreprise, nous le savons, la «demande d’une gestion de l’immédiateté» confronte ses dirigeants à faire face à L’INCONNU et à l’INCERTAIN. Ils doivent pouvoir mesurer les «risques» sans fragiliser ou déstabiliser la culture de l’entreprise ni perdre le cap des objectifs principaux entre l’innovation et le développement. De plus, ces mêmes dirigeants et leurs managers doivent «piloter» dans un environnement toujours en mouvance. Il est donc essentiel d’avoir des outils et des méthodes de planification.
«Les managers s’appuient alors sur des certitudes, un environnement solide, et rend le futur prévisible et maîtrisé.» Il faut savoir se réinventer et se renouveler tout en sachant «guider» et «manœuvrer» l’innovation en permanence.
«On attribue au hasard, ou en tous cas à l’imprévu, des découvertes et des innovations telles que la pasteurisation (Louis PASTEUR), le principe de champagnisation (Dom Pérignon), la pénicilline (Sir Alexander FLEMING), les rayons X (Wilhelm RÖNTGEN), la vulcanisation du caoutchouc (Charles GOODYEAR), une colle qui ne colle pas (et qui amène au “ Post-It®, ”), le Coca-Cola, le CARAM’BAR, le Viagra…»
Il est essentiel qu’en entreprise, ils puissent libérer du TEMPS et de l’ESPACE pour favoriser l’émergence d’idées. Comme le dit Peter Drucker, qui est à l’origine de nombreux concepts utilisés dans le monde de l’entreprise, comme l’esprit d’entreprise et l’innovation systématique, la première source d’innovation et de la création c’est ce qui nous apparaît comme des IMPRÉVUS. C’est pourquoi la «logique» de vouloir TROUVER des idées nouvelles à tout prix, n’appartient pas au rationnel, mais bien aux occasions saisies lors d’opportunités.
POURQUOI CULTIVER LA SÉRENDIPITÉ ?
Parce que très souvent nous naviguons dans des eaux incertaines, parce que l’on sait que c’est la première source d’innovation, «parce que les innovations qui en sont issues offrent le plus court délai entre le démarrage de leur réalisation et l’obtention de résultats mesurables (Peter Drucker)», pour savoir saisir toutes les opportunités imprévisibles, pour pouvoir tirer le maximum des «erreurs», pour aussi associer l’ensemble des gens, au quotidien à l’innovation et à l’invention, parce que le changement, le développement et l’innovation sont indissociables pour l’avancement des entreprises, pour le développement des habilité et des agilités mentales qui sont au-delà de l’innovation, le développement des compétences relationnelles et comportementales.
LES 6 TYPES DE SÉRENDIPITÉ
«L’observation de la sérendipité est alimentée en permanence à travers les récits d’inventeurs qui ont bénéficié de ces découvertes inattendues. Compte tenu de la richesse et de la diversité des exemples, il est nécessaire de déterminer différents types de sérendipité pour mieux les analyser.»
«On pourra alors aisément se rendre compte que :
- Premièrement, la sérendipité peut se provoquer ! (C’est notre concept de “sérendipité intentionnelle ©».) Voici donc LA nouveauté: nous pouvons de façon intentionnelle provoquer l’idée nouvelle.
- Deuxièmement, la sérendipité fait appel à de nombreuses ressources, et pas seulement la chance, la curiosité et l’ouverture, comme nous le lisons trop souvent dans de nombreux articles sur le sujet.»
Notre classification répartit les découvertes par sérendipité en 6 types :
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Type A : découvert en cherchant autre chose
La recherche scientifique recense de nombreuses découvertes réalisées à la suite de travaux dont l’objet initial était tout autre. Et la liste pourrait être plus longue : un grand nombre de découvertes sont restées ignorées simplement parce que ce n’était pas ce qu’on cherchait, ou parce que l’utilité n’était pas perçue et qu’on l’a oublié. Pensons aussi aux sentiments divers qui ont justifié que des chercheurs attribuent leurs découvertes à des causes bien plus rationnelles, plus habituelles, et non à la sérendipité. Il en est ainsi des découvertes du Post-It®, du Kevlar®, des édulcorants de synthèse (saccharine, aspartam, cyclamate) du bleu de Prusse, du téflon…
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Type B : Découvert par maladresse ou par erreur
Les maladresses, les bévues, ont généré des trouvailles inattendues. On parle alors d’une «erreur féconde». Exemples : la pénicilline, la tarte Tatin, le Carambar ©, l’hélice de bateau.
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Type C découvert par nécessité ou par contrainte
Les nombreuses contraintes, souvent imprévues et inattendues, qui pèsent sur les entreprises, peuvent donner lieu à de nombreux exemples, comme Le Nutella ©, le pansement gras (Ambroise Paré), les «innovations Jugaad»…
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Type D : découvert par l’attention portée au public
Le Viagra® : Le citrate de sildénafil, plus connu sous le nom de Viagra, fut découvert par les laboratoires Pfizer et commercialisé en 1998. En premier lieu, il devait être utilisé pour traiter les patients qui souffraient d’une forme de maladie cardiaque, l’angine de poitrine. En revanche, un des effets secondaires observés était que le sildénafil provoquait une érection.
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Type E : découvert en observant autre chose
En revanche, un des effets secondaires observés était que le sildénafil provoquait une érection. L’invention du Velcro® (par analogie avec la bardane), la semelle Waffle de Nike (en 1973, par analogie avec la gaufre).
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Type F : découvert en ne cherchant rien
Le four à micro-ondes : Le micro-ondes a été découvert par un ingénieur qui ne cherchait pas du tout sur ce sujet. Percy Spencer a eu l’idée d’utiliser les micro-ondes pour cuire les aliments alors qu’il dirigeait une usine de magnétrons pour radars. Alors qu’il passait à proximité d’un magnétron en activité, il ressentit de la chaleur dans la poche de sa blouse. En plongeant la main dans cette poche, il constata qu’une barre de chocolat y avait fondu.
LA «SÉRENDIPITÉ INTENTIONNELLE ©»
La voilà donc cette SÉRENDIPITÉ qui s’apprend et qui se développe… IL FAUT Y TRAVAILLER TOUS LES JOURS COMME POUR LA CRÉATIVITÉ.
«L’expression “ sérendipité intentionnelle ” sonne comme un oxymore : il y a un paradoxe entre cette sensation de hasard qui prévaut à la sérendipité, et l’intentionnalité, la volonté. Il y aurait comme une volonté de prévoir l’imprévisible, une prétention à dominer l’incertain.
L’ambition du concept de sérendipité intentionnelle © est de permettre d’apprécier l’inattendu, de transmettre le potentiel d’une telle approche, de donner envie d’explorer l’inconnu.
Il s’agit de susciter l’inattendu.
Il s’agit de cultiver l’étonnement, la découverte.
Des outils, nouveaux ou revisités, valoriseront ces compétences, et permettront de partager au sein de l’entreprise une culture de l’innovation par découverte.
Se former à la sérendipité c’est ainsi se donner les moyens de saisir les opportunités, au fil des découvertes inattendues. Cette démarche n’est pas seulement accessible à tous, elle sollicite les capacités de tous et intègre la dimension créativité au cœur de l’ensemble des processus.»
On instaure l’envie de se questionner, d’exploiter, d’explorer et de gagner en expérience durant tout le processus.
«Le hasard favorise ne favorise que les esprits préparés…» Pasteur
Ginette Larose
Master Coach KCNLP – Imagine l’inspiration
Sources, références et lectures supplémentaires.
Olivier Ertzscheid : http://owni.fr/2010/02/04/ingenieries-de-la-serendipite
Jean-Yves Germain https://innovationetserendipite.wordpress.com/2016/02/01/6-types-de-serendipite/
Peter Druker : https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Drucker
À lire : NEW YORK TIMES : http://www.nytimes.com/2016/01/03/opinion/how-to-cultivate-the-art-of-serendipity.html?_r=1
Mark Raison : http://www.markraison.com/etes-vous-un-serendipiteur/