Les cinq stades de développement de groupes

Il y a quelques années grâce à un ancien collègue, j’ai découvert le livre Tribal Leadership écrit par Dave Logan, John King et Hailey Fisher-Wright. Ce livre parle de cinq stades de développement de groupes. Dans ce billet, je vais vous faire une introduction légère et rapide à ces stades.

Qu’est-ce qu’une tribu?

Le livre parle de tribus, des groupes qui se forment naturellement et qui sont composés de vingt à cent cinquante personnes.

Dans un contexte organisationnel, une tribu peut aussi bien être une petite compagnie qu’un département dans de grandes compagnies où typiquement l’on retrouve plusieurs tribus différentes qui interagissent ensemble.

Les cinq stades

Lorsque je parle de ce sujet dans des conférences, je commence toujours par dire que la présentation peut potentiellement donner de belles étiquettes à coller sur des personnes.  Ce billet peut potentiellement avoir le même effet mais je vous invite à faire preuve de retenue et d’éviter de faire ça.

Je présente aussi les stades sur la base des individus au lieu d’un point de vue de groupe. C’est ma croyance personnelle qu’un groupe fini toujours par se retrouver au stade ou la majorité des membres se retrouvent. Afin de faire évoluer un groupe, il faut travailler avec les individus et c’est la raison principale qui m’amène à présenter le sujet de cette façon.

Il est aussi important de noter qu’une personne ne se retrouve pas toujours à un stade en particulier bien défini, ce qui est une autre bonne raison pour ne pas lui coller d’avance une étiquette. Une personne peut être complètement différente au bureau qu’à la maison.

Afin de présenter une vision plus constructive des stades, je vais aussi vous présenter le côté sombre et le côté sain de chacun.

Stade 1 : « La vie est poche »

Dans les tribus au stade 1, le langage tourne beaucoup autour du thème que la vie est poche. Dans ce stade, le langage est beaucoup autour de l’isolement, la violence et l’hostilité et aussi du sentiment que la vie est contre nous. Le stéréotype est que ce stade se retrouve beaucoup dans des gangs de rue, des prisonniers ou même des itinérants. On retrouve ce stade dans 2% des environnements de travail américains.

Le côté sombre de ce stade est le sentiment de désespoir et la violence que ce désespoir peut causer. Le côté sain de ce stade est que le désespoir génère parfois beaucoup de créativité et cette créativité peut aussi être très utile.

Stade 2 : « Ma vie est poche »

Dans les tribus au stade 2, le langage tourne beaucoup autour du thème que MA vie est poche. Les individus à ce stade ont conscience que d’autres personnes ont potentiellement une vie plus intéressante qu’eux mais que c’est LEUR propre vie qui est poche. On retrouve ce stade dans 25% des tribus au travail.

On reconnait ce stade car le langage tourne autour de « je », « me », « moi ». Il y a un scepticisme fort et une victimisation forte dans ce stade et la plainte commune des gens se trouve à être les actions de leurs gestionnaires.

Êtes-vous déjà entré dans une rencontre d’équipe pompé avec une super bonne idée juste pour être accueilli avec un air de désengagement et de désintéressement total? Félicitations, vous venez d’interagir avec un groupe au stade deux.

Le côté sombre de ce stade est le désintéressement et le désengagement des membres de la tribu. Le côté sain de ce stade est que le scepticisme peut être quelque chose de très positif lorsque bien dosé et amené de façon constructive.

Stade 3 : « Je suis super… »

Dans les tribus avec une forte prépondérance de stade 3, le langage tourne beaucoup autour du thème que « JE suis super… »  mais ce qui est sous-entendu après les points de suspension est «… et TOI tu ne l’es pas ».  On retrouve ce stade dans 49% des tribus au travail.

Ceci est le stade de l’individualisme et de la culture du héros. Avoir une équipe est très difficile lorsqu’on y retrouve plusieurs personnes au stade 3. Le langage tourne encore une fois autour du « je », « me » et « moi » mais cette fois-ci, les complaintes populaires sont :

  • Les autres ne sont pas assez compétents ou pas assez bons
  • Il faut que je fasse tout pour que ca soit fait comme il faut
  • Je n’ai pas assez de temps ou pas assez d’aide

Le côté sombre de ce stade est la mentalité de réussite à tout prix, peu importe l’impact sur les autres autour. Le côté sain de ce stade est que ces individus stade sont très performants et sont capables de réussir beaucoup de choses.

Stade 4 : « Nous sommes super… »

Dans les tribus au stade 4, le langage tourne beaucoup autour du thème de « NOUS sommes super… » et cette fois, le sous-entendu après les points de suspension est « … et VOUS ne l’êtes pas ». On retrouve ce stade dans 22% des tribus au travail.

Ceci est le stade où l’on retrouve une vision commune, des valeurs partagées, de la collaboration et des résultats collectifs.  Contrairement à d’autres modèles où il faut se trouver au sommet, arriver à atteindre le stade 4 donne des équipes performantes. Le langage tourne beaucoup autour du « nous », des valeurs communes et de la co-création.

Le côté sombre de ce stade est une harmonie artificielle associée à une peur du conflit et/ou une peur d’exprimer une opinion contraire à celle du groupe.  Le côté sain de ce stade est l’emphase sur les résultats collectifs ainsi que sur les valeurs partagées.

Stade 5 : « La vie est super »

Dans les tribus au stade 5, le langage tourne beaucoup autour du thème de « la vie est super » et la « compétition » ne provient pas d’un groupe. À ce stade, les équipes tentent de faire quelque chose d’innovant, sans aucune compétition ou quelque chose qui sera historique. On retrouve ce stade dans 2% des tribus au travail.

Par exemple, il y a un temps ou si vous aviez demandé aux animateurs chez Pixar de nommer leur compétition, ils vous auraient répondu : « les cheveux » car ils trouvaient que les cheveux des personnages dans leur films n’était pas assez réalistes.  Remarquez que le choix plus évident aurait pu être Dreamworks, un autre studio d’animation.

Le côté sain de ce stade est l’innovation que l’on y retrouve. Par contre, le côté sombre se retrouve dans ce qu’on peut faire de cette innovation. Les créateurs de la première bombe atomique en sont un bon exemple.

L’évolution à travers les stades

Tel que mentionné auparavant, les membres d’une équipe doivent évoluer au travers de ces stades afin que l’équipe entière change de centre de gravité.

Une tribu ne comprend typiquement pas le langage de plus d’un stade au-dessus d’elle. Par exemple, si on utilise le terme « équipe », voici la compréhension qui peut en ressortir :

  • Stade 2 : Équipe = Quoi?
  • Stade 3 : Équipe = Moi et les personnes que je traine derrière moi
  • Stade 4 : Équipe = Les personnes avec qui j’obtient des résultats collectifs

Lorsqu’on passe d’un stade à l’autre, il y a une certaine intégration qui doit se faire. Par exemple, pour passer du stade 2 (« Ma vie est poche ») au stade 3 (« Je suis super »), il nous faut apprendre à quoi nous sommes bons et être capable de faire ces choses par nous-mêmes de façon régulière.

Lorsqu’on passe du stade 3 au stade 4, on ne perd pas magiquement notre capacité de réaliser de grandes choses, mais nous apprenons à les réaliser au service de quelque chose de plus grand que nous-mêmes.

Conclusion

Dans ce billet, je vous ai présenté les cinq stades d’évolution d’une tribu selon le modèle présenté dans le livre Tribal Leadership.  L’idée était de faire un survol mais si vous désirez en savoir plus, faites moi signe et j’écrirai d’autres billets pour approfondir le sujet.

Quand vous regardez vos équipes, à quel stade se trouvent-elles? Si vous travaillez dans une petite entreprise, quel est le stade prédominant dans la compagnie?

En tant que leaders à partir de quel stade communiquez-vous à votre équipe? Quel est l’impact que vous produisez sur votre équipe en communiquant de ce stade?

Si le sujet vous intéresse, je vous invite à écouter une de mes conférences (en anglais) sur le le Tribal Leadership!

Steffan Surdek
Coach Agile – Pyxis
pyxis-tech.com
[email protected]

Steffan Surdek

Depuis près de vingt ans, il navigue dans le monde du développement logiciel, de la définition des exigences, à l’architecture, au codage ainsi qu’aux tests.

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