L’instrumentalisation des talents

Nous vivons dans un monde de performance où tout doit être créé plus vite et crié plus fort. Pour ceux et celles qui ont comme moi opté pour le fascinant monde des communications, nous savons que cette réalité fait partie de notre quotidien. Par contre, n’avez-vous pas l’impression que cette soif de performance et de reconnaissance a tendance à dépasser la présence humaine et son apport dans le processus de création?

L’instrumentalisation des talents. Un terme qui m’interpelle particulièrement. Devenir un instrument de production, au même titre qu’une dactylo ou qu’un pinceau et laisser le résultat mener le bal au profit du processus.

Je suis profondément amoureuse du domaine pour lequel je me lève chaque matin. D’un autre côté, j’éprouve un certain malaise avec la déshumanisation du milieu.

Le talent est de plus en plus perçu comme un outil de production et les studios de création, une grande chaîne de montage. Pour percer dans le domaine, il faut être bon. Bon dans tout. Être fonctionnel, bien entretenu et s’éteindre que tard le soir pour quelques heures de repos.

Les agences publicitaires modifient leur offre de services afin d’atteindre les consommateurs d’aujourd’hui et se tournent vers les nouvelles générations de professionnels pour y arriver.

C’est ainsi que ces talents bruts et éponges à connaissances chaussent les grandes pointures parfois trop rapidement, sans avoir la confiance nécessaire (et disons-le, les connaissances) pour créer ce qu’on leur demande.

Modelés, façonnés et polis, ces talents deviennent rapidement instruments dans l’unique but de faire enfin partie de ce monde tant adulé.

N’oublions pas que le « monde publicitaire » est abstrait. Il n’existe pas d’école spécialisée en publicité. Plusieurs d’entres-vous se reconnaîtront si je dis que j’ai choisi la pub grâce à Tribu.Com et que j’ai été embauché suite à mon BAC en communication (le diplôme universitaire le plus abstrait au monde).

Cependant, un mouvement se crée et certains créatifs sont interpellés par une nouvelle réalité et une façon différente de balancer la production et la création. Ils quittent et lancent leur entreprise afin de se spécialiser dans ce qu’ils aiment vraiment, dans ce qu’ils font le mieux et pour suivre un processus qui leur ressemble.

Est-ce que le monde publicitaire que nous connaissons et que nous aimons tant vit une crise identitaire? Je crois que oui. Les agences devront revoir leur façon de fonctionner et certaines sont déjà bien assises dans le train du changement et c’est tant mieux.

Nous vivons dans un monde de choix. Nous choisissons de nous transformer en machine de création et de donner tout ce que nous avons dans le but de créer une différence. Nous ne pouvons être bons dans tout, être bons tout le temps. Redonnons à l’humain sa place dans le processus créatif et acceptons le bon de l’humain comme le mauvais. Par-dessus tout, faisons ce que nous aimons pour les bonnes raisons.

Marie-Michèle Imbleau

Rédactrice de métier et à la tête de sa boîte de création de contenu, Marie-Michèle se passionne des gens et des échanges. Esprit vif et âme curieuse, elle suit les tendances et raconte sa vision des choses de manière éclectique et humaine.

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