Intermiel : naturellement

L’entrepreneuriat est un mode de vie instable, des montagnes russes. Pareillement, l’agriculture est aussi fragile et incontrôlable. Éléonore Macle, l’une des entrepreneurs derrière Intermiel, fille des deux fondateurs, se lançait donc un grand défi lorsqu’elle a repris les reines de l’entreprise familiale.

Avec deux parents entrepreneurs, son père apiculteur et sa mère ayant sa propre boutique, Éléonore se rappelle avoir baigné dans ce monde toute sa jeunesse. L’entreprise, fondée un peu avant sa naissance, a toujours fait partie de sa vie : « ça s’est fait naturellement ».

L’expérience

Éléonore a fait ses études en commerce. Puis, elle a pris la décision de s’éloigner un peu : « j’ai travaillé là toute ma jeunesse, j’ai voulu couper le cordon ». Elle est d’abord partie enseigner en Corée du Sud, pour ensuite se diriger vers la Nouvelle-Zélande pour travailler dans une coopérative laitière. Là, en 2006, elle a dû faire un choix : rester et obtenir un poste permanent ou revenir à ses racines et reprendre l’entreprise familiale.

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La vision

De retour au Québec, elle a dû entreprendre les démarches pour s’intégrer et devenir actionnaire avec ses parents. Forte de son expérience en commerce, elle s’est aussitôt attaquée au marketing : « j’ai vite voulu faire plusieurs changements ». Parmi ceux-ci : la marque, l’image, le site, la boutique Web, l’exportation et le côté éducatif de l’entreprise.

« J’ai voulu faire rayonner l’entreprise. C’est sûr que mes parents ont moins cette vision : le branding », explique l’entrepreneure. Elle a complètement refait la boutique « à sa saveur », elle a fait refaire les étiquettes des pots par des graphistes, etc. Bref, elle s’est elle-même donné des défis ! L’exportation a aussi été une de ses priorités. En 2009-2010, elle s’est rendue au Japon pour ouvrir les marchés. Ils exportent maintenant en Chine, au Japon et ailleurs à l’international.

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L’agriculture

Et l’agriculture est un défi en soi. « C’est quand même un milieu qualitatif fragile, me dit-elle. Avec nos 8 500 ruches, c’est toujours l’abeille qui prône. Donc chaque printemps, c’est de voir comment les colonies se comportent, voir s’il n’y a pas eu trop de pertes hivernales […], on a eu des années plus difficiles dans le passé. » C’est effectivement un milieu instable. « La nature décide de notre avenir », ajoute l’entrepreneure.

Outre l’importance de la santé de l’abeille, Éléonore fait remarquer la croissance de l’importation de miel qui engrange des pertes de revenus pour les producteurs québécois. Pour cette raison, l’entreprise est allée chercher la certification 100 % Québec avec le Bureau de la normalisation du Québec il y a quelques années. Cette certification garantit un système de traçabilité de la ruche jusqu’au pot de miel. Pour les consommateurs, c’est la certitude que le miel est bel et bien produit au Québec. Éléonore raconte d’ailleurs avoir fait cette démarche en prévision des récentes nouvelles concernant les miels importés et les ajouts frauduleux. S’ils sont les seuls à avoir cette certification pour le moment, Éléonore souhaite voir les autres apiculteurs embarquer dans le mouvement afin de conscientiser et d’informer les consommateurs.

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La famille

Par ailleurs, travailler avec ses parents a des avantages. D’abord, le fait qu’à 70 ans, ils sont toujours actifs. Ensuite, pour la conciliation travail-famille, car avec ses parents présents, elle a pu profiter de six mois de congé maternité. « C’est spécial parce que moi, c’est familial, […] ça devient très personnel quand on travaille avec notre famille. Donc, on se connait bien, c’est sûr. Avec mon mari, il faut se donner une pause, prendre le temps, se trouver un équilibre pour rester motivés », explique-t-elle, en ajoutant l’importance de s’écouter afin de ne pas se brûler.

D’ailleurs, sa plus grande fierté est d’avoir pris la décision de reprendre l’entreprise familiale. Éléonore ajoute : « c’était pas une décision évidente. C’est une grosse PME quand même, la plus importante en apiculture au Québec. C’est un gros défi à relever. Mais d’avoir pris cette décision un jour, au bout du monde, de dire OK, je reviens et je reprends l’entreprise, j’en suis très fière. Le fait de reprendre l’entreprise familiale me tient beaucoup à cœur ».

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Le respect et l’ouverture

L’entrepreneure croit qu’il faut avoir une certaine ouverture et être réactif pour être un bon entrepreneur. De plus, une grande écoute et une capacité à bien s’entourer sont primordiales : « ça revient, mais c’est vrai, on ne peut pas tout faire. On aimerait porter tous les chapeaux, mais il faut déléguer », explique-t-elle.

Le respect est aussi important dans les affaires, selon elle. Le respect des employés, des équipements, des clients, de l’insecte, de la nature, des fleurs, etc. Son produit, quoique commercial, vient chercher plusieurs aspects : l’alimentation, les soins de beauté, l’éducation, etc.

La passion

« Je suis très fière que ce ne soit pas n’importe quel produit, on parle de la nature, on parle des abeilles, on parle des insectes pollinisateurs […], on ne vend pas un produit importé, on vend un insecte, on vend la valorisation de cet insecte. Ce n’est pas juste un produit, c’est le côté éducatif : on enseigne aux enfants l’importance des abeilles. C’est ce monde, le monde des abeilles, qui est précieux à mes yeux », raconte Éléonore.

Éléonore souhaite entretenir cette passion des abeilles léguée par son père qui, encore aujourd’hui, se retrouve dans ses ruches, soirs et fins de semaine inclus, pour s’occuper de ses abeilles, les comprendre.

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Éveline Thibault-Lanctôt

Hippie, geek et maman, Éveline est curieuse et touche-à-tout. En devenant maman, ce n’est pas seulement le mode de vie familiale qu’elle a embrassé, mais aussi le mode de vie « signé local ». Avec son mari, elle se lance en affaire à l’automne 2016 avec sa compagnie L’Atelier de Tennis, une école de tennis pour toute la famille, dans Lanaudière. Aussi enseignante, rédactrice et réviseure linguistique avec sa compagnie Le Scriptorium, elle réalise peu à peu que l’entrepreneuriat et le travail autonome sont faits pour elle. À travers ce blogue, enfin, elle pourra commenter la scène locale et vous inspirer à farfouiller les recoins du Québec afin de découvrir le « fait au Québec ».

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Signé Local

Lancée en décembre 2015, la plateforme SignéLocal.com est la vitrine du Fait au Québec. Le site Web, dont le but premier est de faire rayonner les entreprises ayant des produits de qualité et comme valeur la fabrication locale, regroupe déjà plus de 400 entreprises membres, partout en province.


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